Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/244

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buer des terres, ne voient rien venir que la mévente de leurs produits et une situation pire que celle d’avant la guerre.

Chaque soldat rentré chez lui pensait que la guerre n’avait été qu’une immense duperie pour ceux qui l’avaient faite. Une haine sourde mais tenace mordait le cœur des anciens combattants contre les classes dirigeantes, contre les politiciens qui revenaient à leurs vieilles habitudes et se montraient incapables de tirer parti de la victoire. La différence entre l’exaltation de la vie guerrière, du sacrifice quotidien, et l’asphyxie morale que les événements de 1919 faisaient peser sur la jeunesse italienne était trop grande pour ne pas provoquer une de ces ruptures d’équilibre qui engendrent les révolutions.

Mussolini sent tout cela, comme il sent le bouillonnement des masses ouvrières, de plus en plus sensibles à la propagande de Moscou. Mais pour aussi révolutionnaire qu’il soit, cette révolution-là, la révolution communiste, il n’en veut pas. Il sait ce qu’on en peut attendre : la ruine définitive de l’Italie. Ce qu’il faut, c’est diriger dans un même sens les deux courants révolutionnaires : le courant « ancien combattant » et le courant populaire, en prendre la tête, puis les fondre dans un mouvement unique. Dès le début du printemps de 1919, le Popolo