Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/288

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personnage aussi ridicule pût devenir le maître de l’Allemagne. D’autres prétendaient que, simple agitateur, à tous les égards surfait, sans audace et d’ailleurs malade, Hitler avait laissé passer l’heure d’une « marche sur Berlin ». En réalité, calculateur et rusé, il préparait son avènement sans risques par une entente secrète avec ce qu’on a toujours nommé en Allemagne les « sphères ». Le 30 janvier 1933, Hitler était appelé par le vieux maréchal Hindenburg à former le ministère. Il devenait chancelier du Reich, dix ans après l’échec du putsch de 1923. Son ami Gœring, une des personnalités les plus marquantes du parti, était ministre de la police du Reich. Les nationalistes de Hugenberg disposaient des Finances, du Commerce, de l’Industrie, des Travaux publics, des Affaires étrangères. Le vice-chancelier, l’adroit M. von Papen, formait le trait d’union entre les deux groupes.

Cette alliance avec la vieille droite ne pouvait pas durer. Il devint bientôt évident pour tous que les pouvoirs allaient se réunir entre les mains de Hitler et de ses deux lieutenants, Gœring et le romantique Gœbbels, venu du socialisme, le théoricien le plus « à gauche » du parti, et le plus passionné d’antisémitisme.

Après un échec à la présidence du Reich en 1933, malgré une campagne acharnée, Hitler