Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/44

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l’opposition aristocratique, effrayée de son ascension trop rapide, fut élu Consul.

Cette opposition avait irrité Marius qui se rejeta vers le parti populaire, flatté mais un peu inquiet des volte-face déjà nombreuses de l’éloquent général.

La première réforme qu’il opéra, démagogique au premier chef, fut d’ouvrir l’accès de l’armée aux plébéiens et de leur permettre de s’engager pour seize ans.

Ainsi, tout en augmentant les forces de la ville, il se donnait une armée personnelle sur laquelle il savait pouvoir compter : c’est toujours le système des chemises noires ou brunes. Aux parias, aux aventuriers et aux chômeurs, il offrait, outre une condition sociale et le prestige de l’uniforme, l’assurance du pain quotidien et la perspective de pillages fructueux.

Bon psychologue, il comprit qu’à ces troupes nouvelles il fallait donner un signe de ralliement nouveau. À la botte de foin portée au bout d’une pique, qui servait depuis les anciens âges d’enseigne militaire et qui ne pouvait parler à l’imagination des nouvelles générations, il substitua l’Aigle, comme Hitler a inventé la Croix Gammée. Puis son armée équipée, entraînée, et ne reconnaissant d’autre autorité que la sienne, il mit à la voile pour l’Afrique afin de régler défi-