Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rome avait désormais deux maîtres qui étaient de simples politiciens. Aussitôt en place, ces défenseurs de l’ordre n’eurent rien de plus pressé que de trahir la confiance du Sénat et de flatter la démocratie, l’un et l’autre estimant la constitution aristocratique de Sylla inapplicable et se souciant surtout de ménager leur propre avenir.

Pompée avait mesuré la faiblesse du Sénat qui, sans le secours de l’armée, ne pouvait rien entreprendre, alors que le peuple avait la faculté d’agir lui-même.

Partant de cette vue très juste que seule l’union de l’armée et du peuple pouvait garantir le pouvoir à qui disposerait de leur double force, Pompée s’efforça de la réaliser et y réussit.

Maître de Rome, l’ambition lui vint d’ajouter à sa réputation le lustre des conquêtes militaires. Il s’embarqua pour l’Asie où Mithridate, déjà battu par Sylla, avait réussi à former une seconde coalition.

Quand il revint à Rome chargé d’un immense butin, il commit l’erreur de licencier ses troupes, croyant avec naïveté que les services rendus le mettaient à l’abri de toute aventure. Le Sénat, le voyant sans armée, crut le moment venu de sa revanche et lui refusa les honneurs du triomphe. Le signe était clair, le péril certain.