Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/75

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Déception nouvelle, chaque fois qu’il fait appel aux députés pour adopter des mesures propres à ramener l’ordre, sa majorité diminue, les attaques contre lui se font plus vives, et chaque fois le Protecteur constate davantage l’incompétence, la mauvaise volonté, la légèreté de l’assemblée. Le loup devenu berger ne pense plus qu’à mordre. Une seconde session ne dure que dix jours, et le 4 février 1658, les députés convoqués s’entendent dire : « Tout cela ne tend qu’à faire le jeu du roi d’Écosse… De tout cela il ne peut sortir que de la confusion et du sang. Je crois qu’il est grand temps de mettre fin à votre session et je dissous ce Parlement. Que Dieu juge entre vous et moi. »

C’est la dernière déclaration publique d’Olivier Cromwell. Il est au bout de ses forces et de sa vie. Il meurt le 3 septembre 1658.

Moins de deux ans après, l’Angleterre s’enrouait à force d’acclamer la restauration de Charles II. L’immense effort de Cromwell n’avait abouti qu’à convaincre l’Angleterre qu’un autre Stuart vaudrait mieux qu’un dictateur.

Cromwell était parti en guerre au nom de la liberté contre l’absolutisme, et, après s’être emparé du pouvoir, il avait vu qu’il ne pouvait le conserver et l’exercer que par la force, selon sa formule : … « ayant dit ceci, Moi, ou plutôt