Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/88

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là et qu’il était le plus intelligent des quatre conseillers désignés par Louis XIII. Anne d’Autriche eut une manière originale de s’assurer les services de Mazarin : elle l’épousa secrètement, chose qui semble aujourd’hui avérée et qui doit étonner d’autant moins que Mazarin, bien qu’il portât la pourpre romaine, n’était pas d’Église.

Étranger, ne possédant ni la dignité, ni le prestige de Richelieu, Mazarin fut encore moins bien supporté que son prédécesseur et devint franchement impopulaire. Tout ce que le grand cardinal avait refoulé tenta de prendre sa revanche. Ce fut la Fronde, essai de révolution du XVIIe siècle. L’œuvre politique que Richelieu avait laissée permit à l’habileté de Mazarin d’en venir à bout.

Néanmoins la chose était jugée. Les Français ne voulaient plus du « ministériat ». Et comme on avait failli, avec la Fronde, retomber dans l’anarchie, il ne restait qu’une ressource, le gouvernement direct du roi, la monarchie autoritaire.

C’est pourquoi le premier mot de Louis XIV devenu majeur fut le fameux : « L’État c’est moi. » La France l’acclama. En effet ce mot ne parut nullement despotique mais libérateur. L’État, ce ne serait plus un ministre, ni de grands seigneurs et leurs belles dames de la Fronde, ni