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Page:Jacques Bainville - Louis II de Bavière.djvu/119

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On s’était tout à fait trompé. L’arrivée à Hohenschwangau des représentants du Gouvernement avait été signalée à Louis II. Les paysans, hostiles aux messieurs de Munich, favorables au roi qui préférait leur compagnie à celle des citadins, étaient déjà en révolution. Ceux des domestiques de Neuschwanstein qui ne trahissaient pas leur maître l’avaient prévenu de ce qui se passait. Et puis, une vieille dame de la société de Munich, par hasard grande admiratrice du roi, qui se trouvait à Hohenschwangau, avait reconnu les ministres, s’était informée de leurs intentions et avait couru porter l’alarme à Neuschwanstein. Bien mieux, le comte Holnstein était entré dans les propres écuries de Louis II et, exhibant ses pouvoirs, avait ordonné qu’on tint une voiture prête à partir pour Linderhof. Les piqueurs répondirent obstinément qu’ils n’avaient d’ordres à recevoir que du roi. C’était plus qu’il n’en fallait pour mettre Louis II sur ses gardes. Il prit sur-le-champ toutes les mesures qui étaient en son pouvoir pour résister aux usurpateurs. Il manda par télégramme le fidèle Dürckheim-Montmartin, il réquisitionna les pompiers du canton et posta sous la grande porte de Neuschwanstein les gendarmes préposés à sa garde, avec ordre d’interdire l’entrée à quiconque se présenterait.

Au petit jour, à l’heure des exécutions, comptant réussir par surprise, les commissaires du prince-régent, dans leurs uniformes chamarrés d’or et constellés de décorations, se présentaient à la poterne de l’imposant burg féodal. La respectable admiratrice de Louis II, qui avait passé la nuit, armée d’un parapluie, à veiller sur la personne de son roi, prévint la garde par ses clameurs. Il y avait un grain de burlesque dans le dévouement exalté de cette dame. Mais les commissaires n’étaient pas d’humeur à sentir le comique de la situation et, tout de suite, ils comprirent que l’aventure