le plus impérieux est pour le théâtre. Il déclame des tragédies de Schiller, habitude qui lui restera chère. Enflammé par les Brigands et par Don Carlos, il rêve de libéralisme et d’humanité, il écrit même, dit-on, le plan d’un drame révolutionnaire, bien singulier pour un futur roi, où l’on voit un prince héritier qui soulève le peuple contre la tyrannie de son père. À ce point de vue-là, ses idées ne tarderont pas à changer.
En même temps aussi, et par bonheur, il lisait l’histoire avec un intérêt très vif. C’est à ces lectures qu’il dut, lui qui se tint toujours à l’écart du monde, de pouvoir porter sur les hommes un jugement généralement sûr. Chaque fois qu’il se mêla personnellement, et avec quelque décision, de politique, sa finesse et sa pénétration furent remarquables. Bismarck, qui l’avait étudié, qui connaissait les faiblesses de son caractère, était loin, d’ailleurs, de le tenir pour une intelligence négligeable. Dans les passes difficiles, il ne dédaigna pas de jouer fin avec le roi de Bavière et se garda surtout de blesser Louis II, à qui il savait le cœur fier et bien placé.
Louis avait certainement des dons très riches. Mais ses nerfs emportaient tout. Vite accablé par les émotions, irritable, sujet même à de violentes colères, surtout aux changements d’humeur les plus soudains et sans cause apparente, il était incapable de se gouverner lui-même. Dès l’enfance, il était sensible à la laideur physique à un degré qu’on n’imagine pas. Lorsqu’il rencontrait certain domestique de la Résidence, d’une physionomie particulièrement ingrate, Louis se tournait contre le mur en criant. Jamais il ne s’affranchit de ces aversions tyranniques. Il voulut plus tard, étant roi, retirer l’emploi de héraut, pour les fêtes des chevaliers de Saint-Georges, au gentilhomme qui en était le titulaire, sous le