la société, à peu près hors la loi, et dont les mœurs sont certainement impures.
Le mécontentement s’aggrave de jour en jour. Wagner en est averti. Il commence à sentir le sol peu sûr sous ses pieds, bien qu’il possède encore toute la faveur du roi. Le 4 décembre, le vif succès du Vaisseau Fantôme, à l’Opéra, vient à point pour le rassurer. Néanmoins, ses inquiétudes ne cessent plus, et il les exprime dans ses lettres à Mme Wille. Quant à son influence politique, elle est nulle. Louis est très ombrageux sur le sujet réservé des affaires d’État. Wagner lui-même raconte à demi plaisamment que, s’étant hasardé à causer des événements du jour avec le roi, celui-ci, au lieu de répondre, s’est mis à siffler d’un air distrait. Notons d’ailleurs qu’en politique, très renfermé, très méfiant, très prudent, Louis II ne laissera jamais personne prendre d’empire sur lui. Wagner, de son côté, n’insista pas, ne tenant nullement à compromettre son amitié avec le prince pour la sotte vanité de jouer un rôle dans l’État. On regardait pourtant le favori comme bien puissant, puisque, comme il le raconte, la famille d’une empoisonneuse s’adressait à lui pour obtenir la grâce de la condamnée. De même, nous voyons Lassalle, dans l’été de 1864, qui vient lui demander un grand service. On connaît le roman d’amour qui devait coûter la vie au célèbre agitateur socialiste. Il comptait sur Wagner pour se faire accorder, par la haute intervention de Louis II, l’entrée de la maison d’Hélène de Doellinger. Wagner refusa net en déclarant « s’être posé comme un principe de ne jamais intervenir auprès de Sa Majesté que pour les choses d’ordre artistique ». D’ailleurs, Louis II, les premiers feux de l’enthousiasme apaisés, la « lune de miel » finie, s’était un peu détaché de Wagner. Son hôte avait failli devenir sa victime : il le laissait respirer. C’est tout au plus si, vers