après la séparation, il accomplit cette imprudente équipée avec un compagnon qui était probablement le prince de Tour et Taxis. Tous deux firent en voiture la route jusqu’à Lucerne. De là, à cheval, on gagna la retraite du musicien. Au domestique qui vint à la rencontre des visiteurs, le roi dit : « Annoncez le chevalier Walther Stolzing et son écuyer ! » Ils revinrent à Hohensehwangau, croyant que rien n’avait transpiré de l’aventure. Ils se trompaient. Sur le lac des Quatre-Cantons, à bord d’un bateau de touristes, le roi avait été reconnu. Sa démarche imposante et puis son costume original cape romantique, chapeau extravagant, n’étaient pas propres au respect de l’incognito. Ce pèlerinage à Triebschen resta si peu secret que le malicieux Georges Herwegh en fit le sujet d’une petite poésie satirique. Et, de nouveau, les gens de Munich se fâchèrent. Déjà, au mois de mars, le bruit du retour de Wagner s’étant répandu, l’émeute avait failli recommencer. Après le voyage de Lucerne, le mécontentements’exprima d’une autre manière. Le prince de Hohenlohe rapporte, dans ses Mémoires, que, le jour de l’ouverture de la Diète, Louis II, traversant les rues de sa capitale, n’a recueilli aucun vivat, et seulement de rares saluts. On alla même en quelques endroits jusqu’à proférer des injures à son adresse. Le roi, irrité, déplaça le préfet de police. « Comme si, note Hohenlohe avec son aigre ironie, la police pouvait quelque chose sur l’opinion du public. » Ces désagréments n’empêchèrent d’ailleurs pas Louis II de recommencer, quelques mois plus tard, le pèlerinage de Triebschen.
Tout s’oublie. Munich, sur qui la guerre avec la Prusse allait faire passer d’autres émotions, ne songea bientôt plus à Wagner. Mais Louis II pensait toujours à son ami. Il y pensait même si visiblement que les partis politiques et les