sa place un esprit tourné vers les choses religieuses, par exemple, et si, avec ses convictions exagérées, il était entré dans le cercle des idées du prince, il est très vraisemblable qu’une dégénérescence maladive et de l’exaltation se fussent produites dans ce sens. » C’est le bon sens même, à la condition toutefois de ne pas oublier cette éducation imprudente, ce romantisme ambiant qui prédisposaient Louis II à bien des aventures et qui, nous l’avons vu, s’adaptèrent si parfaitement aux légendes nourricières du Drame musical.
Moins grave, le mal que le wagnérisme a fait à Louis II est pourtant certain. « L’adhésion à Wagner se paye cher », disait Nietzsche. Louis II l’a payée de la manière que Nietzsche a décrite, par une perversion du goût dont la manie du théâtre et de tout ce qui touche au théâtre fut l’expression. La « théâtrocratie », la croyance à la préséance de l’art dramatique sur les autres formes d’art, telle est, selon Nietzsche, la grande tare que le wagnérisme inflige à ses initiés. Et comme le diagnostic est juste dans le cas de Louis II ! Jusqu’à la fin, le roi esthète ne connaîtra de plaisir que celui du spectacle. Sa vie sera truquée comme un opéra. Théâtre, ses châteaux. Théâtre, le personnage qu’il se jouera à lui-même. Théâtre, cette passion du costume et de la machinerie qui lui vaudra le surnom de « roi Lohengrin ». En art, en littérature, ses émotions ne lui viendront que du théâtre encore, — de son vice. Tel est le sort que lui avait jeté Wagner, « le vieil enchanteur », « le séducteur de grand style »…
Mais il est juste aussi de reconnaître que Louis II doit à Wagner un bien qui n’est pas à négliger la gloire.
Calcula-t-il qu’en s’associant au sort de l’œuvre wagnérienne, il rehausserait l’éclat de sa modeste couronne ? Nous avons vu combien cette formule, la « musique de l’avenir »,