hutte construite de poutres grossières. C’est un pur décor de théâtre, la demeure de Hunding au premier acte de la Valkyrie. Des peaux de bêtes sont jetées sur la terre battue. Au milieu de l’habitation, le frêne énorme sur lequel elle s’appuie, porte, enfoncé jusqu’à la garde, le glaive symbolique que viendra arracher le héros. Armes, cornes à boire, ramures de cerfs, têtes d’aurochs empaillées rien ne manque des barbares accessoires auxquels la Tétralogie a habitué les Opéras. Louis II avait un goût particulier pour cette décoration de théâtre plantée au milieu des bois. Il eut l’idée d’y faire jouer la Valkyrie. Lui qui redoutait si peu les railleries, il renonça pourtant à son projet de crainte d’irriter encore ses ennemis, les bourgeois de Munich. Peut-être aussi avait-il besoin de ménager le crédit public, étant à court d’argent. Mais il en faisait le plaintif aveu à Joseph Kainz, son favori d’un moment : « Cela m’afflige toujours de voir mes innocentes fantaisies ébruitées et méchamment critiquées. Que d’heures pénibles on m’a déjà fait passer ainsi ! Pourquoi donc veut-un me refuser des distractions qui ne font de tort à personne ? J’avais projeté aussi de faire représenter le premier acte de Tannhauser dans la grotte de Vénus. Mais il fallait des chœurs, un corps de ballet… en un mot, un personnel trop considérable. On m’aurait reproché avec plus de raison ces dépenses. Aussi, n’y ai-je plus pensé. »
Au promeneur qui visite Linderhof, on ne manque pas non plus de montrer une troisième retraite de Louis II. C’est la cabane du pieux solitaire Trevrezent. Croix de bois, foyer de pierre, lit de pénitence, rien ne manque de la description donnée par le poème de Wolfram d’Eschenbach.
Il est d’ailleurs probable que, s’il s’était contenté de ces imitations de la vie érémitique, qui avaient l’avantage de ne pas être dispendieuses, le roi de Bavière aurait eu une fin