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CHAPITRE XXIII

LES BOTTES DE 1793
ET L’INSURRECTION DES MARÉCHAUX


Désormais l’histoire de Bonaparte est un drame qui se resserre ! Le temps, qui lui a toujours été mesuré, l’étrangle. De retour à Saint-Cloud le 9 novembre 1813, il abdiquera le 7 avril. Cinq mois seulement. Et ensuite cent jours. Des délais de grâce, mais comme ils sont remplis !

L’homme extraordinaire, c’est là, dans la mauvaise fortune et dans l’épreuve, qu’on le connaît. S’il achève bien le « roman de sa vie », s’il lui donne un tour épique, c’est parce qu’il est supérieur au reste des mortels, supérieur surtout par un sens infaillible de sa destinée. Quel autre, dans cet effondrement, n’eût faibli ? Ce n’est pas assez d’avoir de la volonté, de la force de caractère. De sa propre situation, l’empereur a une vue historique. Il arrive aujourd’hui ce qui pouvait arriver dès la première année du Consulat, risque d’une seule et même guerre qu’il a eu pour mission de poursuivre jusqu’à une fin victorieuse comme délégué de la Révolution pour la conservation des frontières. Il ne rusera point avec ce mandat. Il périra plutôt avec le rêve de la nation française dans le dernier retranchement, celui du « territoire sacré », raison de tout ce qu’il a fait.

L’invasion menace. Un brumairien qui a été député aux États généraux de 1789, un des hommes