Page:Jacques Boileau - De l abus des nudites de gorge, Duquesne, 1857.djvu/25

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dresser des piéges à notre innocence en perdant la leur. Car c’est avec raison que le Prophète Ezéchiel nous a appris que le sein découvert d’une femme étoit un lit et un lit où l’impureté reposoit et devenoit féconde en corrompant celle qui le découvre et celuy qui le regarde.

XX. Il n’y a point de fille ni de femme qui ne scache que la nudité d’Eve fût une suite et une marque de son crime ; elle se vit nue parce qu’elle avoit péché, et elle connut qu’elle avoit péché quand elle se vit nue. Pourquoy veulent-elles juger d’elles-mêmes autrement que de leur mère commune, et que n’infèrent-elles de leur nudité, ce qu’elles concluent de la sienne ; qu’elle est une marque de la dépravation de leur ame. Que ne concluent-elles qu’elles déplaisent à Dieu, puisqu’elles paroissent nues ; et qu’elles ne se soucient pas de déplaire à Dieu puisqu’elles se plaisent en leur nudité. En cela beaucoup plus coupables qu’Eve toute criminelle qu’elle étoit, qui eut honte de sa nudité et qui ne différa pas à la couvrir.

XXI. Peuvent-elles ignorer que c’est d’elles principalement que parle l’Apôtre quand il condamme les personnes qui découvrent une partie de leurs corps pour servir à l’impureté et à l’iniquité. Elles servent à l’impureté parce que