Page:Jacques Boileau - De l abus des nudites de gorge, Duquesne, 1857.djvu/60

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ceux qui les regardent, il suffit, disent-elles, de remarquer que celles qui ont résolu de ne point sortir de leur maison, et qui sçavent qu’elles ne verront personne, que celles qui se sont retirées dans les cloîtres où elles ne conversent ordinairement qu’avec des Religieuses, ne laissent pas de découvrir leurs bras et leur sein.

XIX. Il faut avouer que tout amour qui n’a pour objet que les créatures est aveugle, soit celuy dont nous aimons les autres, soit celuy dont nous nous aimons nous mêmes. Mais si pas un amour a véritablement un bandeau sur les yeux, c’est assurément l’amour-propre, il ne nous empesche pas seulement de blâmer nos défauts, il nous empesche mesme de les connoître. Il ne voit rien en nous que ce qui luy plaist, et il approuve toujours ce que nous disons ou ce que nous faisons, parce qu’il n’y découvre jamais aucune imperfection. C’est luy seul qui a suggeré cette troisième excuse aux filles et aux femmes, et qui après leur avoir faussement persuadé qu’elles peuvent sans scandale et sans peché paroître à deminues à la veue de tout le monde, leur fait accroire que c’est une bonne raison de dire qu’elles n’ont aucune mauvaise intention.

XX. Elles n’oseroient soutenir que leur in-