Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CAL
CAM
— 132 —

1746. La meilleure édition est « de 1751 ; Paris, 2 vol. in-12. Ce livre est fait avec bonne foi ; l’auteur est peut-être un peu crédule ; mais il rapporte ce qui est contraire à ses idées avec autant de candeur que ce qui leur est favorable. Voy. Vampires.

Calundronius, pierre magique dont on ne désigne ni la couleur ni la forme, mais qui a la vertu d’éloigner les esprits malins, de résister aux enchantements, de donner à celui qui la porte l’avantage sur ses ennemis, et de chasser l’humeur noire.

Calvin (Jean), l’un des chefs de la réforme prétendue, né à Noyon en 1509. Ce fanatique, qui se vantait, comme les autres protestants, d’apporter aux hommes la liberté d’examen, et qui fit brûler Michel Servet, son ami, parce qu’il différait d’opinion avec lui, n’était pas seulement hérétique ; on l’accuse encore d’avoir été magicien. « Il faisait des prodiges à l’aide du diable, qui quelquefois ne le servait pas bien ; car un jour il voulut donner à croire qu’il ressusciterait un homme qui n’était pas mort ; et, après qu’il eut fait ses conjurations sur le compère, lorsqu’il lui ordonna de se lever, celui-ci n’en fit rien, et on trouva qu’icelui compère était mort tout de bon, pour avoir voulu jouer cette mauvaise comédie[1]. » Quelques-uns ajoutent que Calvin fut étranglé par le diable ; il ne l’aurait pas volé. En son jeune âge, Calvin avait joué la comédie et fait des tours d’escamotage[2].

Cambions, enfants des démons. Delancre et Bodin pensent que les démons incubes peuvent s’unir aux démons succubes, et qu’il naît de leur commerce des enfants hideux qu’on nomme cambions, lesquels sont beaucoup plus pesants que les autres, avalent tout sans être plus gras, et tariraient trois nourrices qu’ils n’en profiteraient pas mieux[3]. Luther, qui était très-superstitieux, dit dans ses Colloques que ces enfants-là ne vivent que sept ans ; il raconte qu’il en vit un qui criait dès qu’on le touchait, et qui ne riait que quand il arrivait dans la maison quelque chose de sinistre.

Maïole rapporte qu’un mendiant galicien excitait la pitié publique avec un cambion ; qu’un jour un cavalier, voyant ce gueux très-embarrassé pour passer un fleuve, prit, par compassion, le petit enfant sur son cheval, mais qu’il était si lourd que le cheval pliait sous le poids. Peu de temps après, le mendiant étant pris, avoua que c’était un petit démon qu’il portait ainsi, et que cet affreux marmot, depuis qu’il le traînait avec lui, avait toujours agi de telle sorte que personne ne lui refusait l’aumône[4].

Caméléon. Démocrite, au rapport de Pline, avait fait un livre spécial sur les superstitions auxquelles le caméléon a donné lieu. Un plaideur était sûr de gagner son procès s’il portait avec lui la langue d’un caméléon arrachée à l’animal pendant qu’il vivait. On faisait tonner et pleuvoir en brûlant la tête et le gosier d’un caméléon sur un feu de bois de chêne, ou bien en rôtissant son foie sur une tuile rouge. Boguet n’a pas manqué de remarquer cette merveille dans le chapitre xxiii de ses Discours des sorciers. L’œil droit d’un caméléon vivant arraché et mis dans du lait de chèvre formait un cataplasme qui faisait tomber les taies des yeux. Sa queue arrêtait le cours des rivières. On se guérissait de toute frayeur en portant sur soi sa mâchoire, etc.

Des curieux assurent encore que cette espèce de lézard ne se nourrit que de vent. Mais il est constant qu’il mange des insectes ; et comment aurait-il un estomac et tous les organes de la digestion, s’il n’avait pas besoin de digérer ? Comment encore, s’il ne mange pas, produit-il des excréments, dont les anciens faisaient un onguent magique pour nuire à leurs ennemis ? La couleur du caméléon paraît varier continuellement, selon la réflexion des rayons du soleil et la position où l’animal se trouve par rapport à ceux qui le regardent : c’est ce qui l’a fait comparer à l’homme de cour. — Delancre dit, d’un autre côté, que le caméléon est l’emblème des sorciers, et qu’on en trouve toujours dans les lieux où s’est tenu le sabbat.

Camephis, le plus ancien des dieux de l’Égypte ; il est triple : aïeul, père et fils.

Camérarius (Joachim), savant allemand du seizième siècle. On recherche son traité De la nature et des affections des démons[5] et son Commentaire sur les divinations[6].

Nous indiquerons aussi de Barthélemi Camerario, Bénéventin, mort en 1564, un livre Sur le feu du purgatoire[7] ; les Centuries de Jean-Rodolphe Camérarius, médecin allemand du dix-septième siècle, Sur les horoscopes et l’astrologie[8], et le fatras du même auteur Sur les secrets merveilleux de la nature[9].

Enfin, Élie Camérarius, autre rêveur de Tubingue, a écrit, en faveur de la magie et des ap-

  1. Boguet, Discours des sorciers, ch. xviii
  2. 2 Voyez la légende de Calvin dans les Légendes infernales.
  3. 3 Delancre, Tableau de l’inconstance des démons, liv. III, à la fin. Bodin, Démonomanie, liv. II, ch. vii.
  4. Boguet, Discours des sorciers, ch. xiv.
  5. De natura et affectionibus dœmonum libri duo. Lipsias, 1576. In-8°.
  6. Commentarius de generibus divinationum, ac grœcis latinisque earumvocabulis. Lipsiee, 1576.In-8°.
  7. De purgatorio igne. Romse, 1557.
  8. Horarum nalalium centuriœ II pro certitudine astroloyiœ. In-4°. Francfort, 1607 et 1610.
  9. Sylloge memorabilium medicinœ et mirabilium naturœ arcanorum centuriœ XII. In-12. Strasbourg, 1624. L’édition in-8o de Tubingue, 1683, est augmentée et contient vingt centuries.