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ché ; il ordonna à tous les maîtres de transporter le corps d’Adoniram dans le temple, où on l’enterra en grande pompe. Pendant la cérémonie, tous les maîtres portaient des tabliers et des gants de peau blanche, pour marquer qu’aucun d’eux n’avait souillé ses mains du sang de leur chef. ;

Telle est l’histoire d’Adoniram. — L’ordre des francs-maçons a des prétentions à la gravité, quoiqu’il soit pétri et nourri de ridicules. Ce serait peu s’il n’avait pas en religion de pernicieuses tendances. Aussi le Saint-Siège, par quatre actes différents, a-t-il formellement condamné la franc-maçonnerie. Les mystérieuses jongleries de leurs loges leur ont donné la réputation de sorciers dans les campagnes. — Outre les ordres de chevalerie qu’ils ont créés pour leur amusement, il y a chez eux plusieurs schismes, et on citerait beaucoup de sociétés secrètes de ce genre plus ou moins absurdes. Les mopses, en Allemagne, étaient des francs-maçons qui avaient pour emblème un bouledogue. Une autre secte s’appelle l’ordre de la liberté, et ceux-là regardent Moïse comme leur fondateur. Les chevaliers prussiens font remonter leur origine à la tour de Babel ; d’autres à Noé.

On ne reçoit les femmes chez les francs-maçons que dans les loges dites d’adoption, loges où l’on fait bals et festins. On change alors les mots et les signes d’argot, pour ne pas exposer les secrets de l’ordre. — Insulte de plus aux femmes[1].

Frank (Christian), visionnaire qui mourut en 1590 ; il changea souvent de religion, ce qui le fit surnommer la Girouette. Il croyait la religion japonaise meilleure que les autres, parce qu’il avait lu que ses ministres avaient des extases.

Frank (Sébastien), autre visionnaire du seizième siècle, sur la vie duquel on a peu de données positives, quoiqu’il ait dans son temps excité l’attention du public. Il donna en 1531 un traité de l’Arbre de la science du bien et du mal, dont Adam a mangé la mort, et dont encore aujourd’hui tous les hommes la mangent. Le péché d’Adam n’est selon lui qu’une allégorie, et l’arbre que la personne, la volonté, la science, la vie d’Adam. Frank mourut en 1545.

On a encore de lui une traduction allemande de l’Eloge de la folie, par Érasme ; le Traité de la vanité des sciences, et l’Éloge de l’âne, traduits d’Agrippa en allemand ; Paradoxa ou Deux cent quatre-vingts discours miraculeux, tiré de l’Écriture sainte, Ulm, 1533, in-8o. Témoignage de l’Écriture sur les bons et les mauvais anges, 1535, in-8o, etc. N’était-il pas le père du précédent ?

Franzotius, auteur d’un ouvrage intitulé : De la divination des anges, in-4o, Francfort ou Venise, 1632.

Frappeurs. On cite dans le pays de Galles des esprits dits frappeurs qui habitent les mines. Louis Merris a écrit deux lettres sur ces esprits dans le troisième volume du Gentleman s magazine. Ces esprits ont peu de rapports avec ceux qui parlent aujourd’hui par les tables. Voy. Esprits frappeurs.

Fratricelles, ramas de vagabonds qui formaient au treizième et au quatorzième siècle une société occulte, opposée à l’Église, mais alliée à ceux qu’on appelait vaudois ou sorciers. Ils avaient des orgies, où hommes et femmes se jetaient de main en main un enfant jusqu’à ce qu’il fût mort. Celui entre les mains duquel il expirait, on le proclamait grand prêtre. Il brûlait l’enfant mort ; quand il était réduit en cendres, il noyait ces cendres dans du vin et faisait boire cette potion à tous ceux qui voulaient être initiés.

  1. Voyez le livre intitulé Jacquemin le franc-maçon, légendes des sociétés secrètes.

    Le Journal de Bruxelles a obtenu d’un illustre franc-maçon communication d’un diplôme à lui délivré par les puissants et souverains grands inspecteurs généraux trente — troisième degré et dernier du rite écossais. En voici la description :

    « L’immense parchemin déroulé sous nos regards nous a presque éblouis par son luxe. De doubles aigles déployées portant une épée dans les serres, un drapeau parsemé de petits carrés autour du lion néerlandais avec la devise : Je maintiendrai, trois sceaux suspendus par des cordons de couleurs différentes, tout cela était de nature à inspirer le respect. On y remarque trois mots en majuscules : Santé, Stabilité, Pouvoir. Les signataires déclarent écrire sous la voûte céleste du zénith ; ils se qualifient de « puissants, souverains grands inspecteurs généraux, membres du suprême conseil. Et les lettres de créance sont adressées : « À nos très-illustres, très » vaillants et sublimes Princes du royal secret, Chevaliers K.• H.• Illustres princes et chevaliers » grands, ineffables et sublimes, libres et acceptés ma » çons de tous grades anciens et modernes sur la sur » face des deux hémisphères. »

    M. Verhaegen, chef de Y Université libre de Bruxelles, et l’auteur du manifeste contre les évêques, a obtenu un diplôme tout semblable, où lesdits puissants et souverains grands inspecteurs déclarent ce qui suit :

    « Nous certifions et proclamons qu’il est : maître des loges symboliques, — maître secret, — maître parfait, — secrétaire intime, — maître anglais, — maître par curiosité, — prévôt et juge, — maître irlandais, — intendant des bâtiments, — maître en Israël, — maître élu des neuf, — illustre élu des quinze, — sublime chevalier élu, — grand maître architecte, — royale arche, — grand élu, — grand écossais, — sublime maçon, — chevalier de l’Orient ou de l’épée, — prince de Jérusalem, — chef des loges régulières, — chevalier d’Orient et d’Occident. — chevalier du Pélican et de Saint-André, — souverain prince rose-croix, — grand pontife, — sublime écossais, — vénérable grand maître des loges symboliques, — grand maître ad vitam, — Noachite, — chevalier prussien, « — royale hache, — grand patriarche, — prince du Liban, — chef du tabernacle, — prince de Mercy, — chevalier du Serpent d’airain, — grand commandeur du Temple, — chevalier de l’Aigle et du Soleil, — prince adepte, — grand écossais de Saint-André, — patriarche des croisades, — grand élu, — chevalier de l’Aigle blanc et noir, — chevalier Kadosch, — grand inspecteur inquisiteur, commandeur chevalier de Saint-André. »