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ouvriers et molestait tellement les voisins, que personne n’osait plus demeurer dans le village. Un paysan, nommé Olaùs Pa, fut assez hardi pour attaquer ce vampire, car c’en était un ; il lui porta un grand coup de lance, et laissa la lance dans la plaie. Le spectre disparut. Le lendemain, Olaùs fit ouvrir le tombeau du mort ; il trouva sa lance dans le corps de Harppe, au même endroit où il avait frappé le fantôme. Le cadavre n’était pas corrompu ; on le tira de terre ; on le brûla, on jeta ses cendres à la mer, et on fut délivré de ses funestes apparitions[1].

« Le corps de Harppe, dit ici Dom Calmet (si l’on admet la vérité de ce fait), était donc réellement sorti de terre lorsqu’il apparaissait. Ce corps devait être palpable et vulnérable, puisqu’on trouva la lance dans la plaie. Comment sortit-il de son tombeau, et comment y rentra-t-il ? C’est la difficulté ; car qu’on ait trouvé la lance et la blessure sur son corps, cela ne doit pas surprendre, puisqu’on assure que les sorciers, qui se métamorphosent en chiens, en loups-garous, en chats, etc., portent dans leurs corps humains les blessures qu’ils ont reçues aux mêmes parties

Le magicien islandais l’attaqua avec une pique. — Page 322.


des corps dont ils se sont revêtus, et dans lesquels ils apparaissent. » Le plus croyable sur cette histoire peu avérée est probablement qu’elle est fort altérée. Voy. Vampires.

Harvilliers (Jeanne), sorcière des environs de Compiègne, au commencement du seizième siècle. Dans son procès, elle raconta que sa mère l’avait présentée au diable dès l’âge de douze ans ; que c’était un grand nègre vêtu de noir ; qu’il arrivait, quand elle le voulait, botté, éperonné et ceint d’une épée ; qu’elle seule le voyait, ainsi que son cheval, qu’il laissait à la porte. — La mère de Jeanne avait été brûlée comme sorcière. Elle, qui du reste avait commis d’autres crimes, fut également brûlée, à l’âge de cinquante ans, le dernier jour d’avril de l’année 1578[2].

Harvis. C’est le nom qu’on donne aux sorciers de l’Égypte moderne.

« De tout temps, dit M. Théodore Pavie, l’Égypte a eu des sorciers. Les devins qui luttèrent contre Moïse firent tant de prodiges, qu’il fallut au législateur des Hébreux la puissance invincible dont Jéhovah l’avait doué pour triompher de ses ennemis. La cabalistique, la magie,

  1. Bartholini, De causa contemptus mortis, etc., lib. II
  2. M. Jules Garinet, Hist. de la magie en France, p. 433.