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gens de la campagne, quand on le voit perché sur le haut d’une maison, il est aussi regardé comme d’un bon augure quand il vient se réfugier dans un colombier. Les anciens Francs condamnaient à une forte amende quiconque tuait ou volait le hibou qui s’était réfugié dans le colombier de son voisin[1]. Il y détruisait les souris et les rats ; et c’est une grande maladresse aux laboureurs de tuer le hibou.

On ne peut passer sous silence ses vertus.

Si l’on met son cœur avec son pied droit sur une personne endormie, elle dira aussitôt ce qu’elle aura fait et répondra aux demandes qu’on lui adressera ; de plus, si on met les mêmes parties de cet oiseau sous les aisselles, les chiens ne pourront aboyer après la personne qui les portera ; et enfin, si on pend son foie à un arbre, tous les oiseaux se rassembleront dessus[2].

Hiérarchie. Agrippa disait qu’il y avait autant de mauvais anges que de Dons, qu’il y en

avait neuf hiérarchies de bons et neuf de mauvais. Wierus, son disciple, a fait l’inventaire de la monarchie de Satan, avec les noms et surnoms de soixante-douze princes et de plusieurs millions de diables, nombres fantastiques, qui ne sont appuyés sur d’autres raisons que sur la révélation de Satan même. Voy. Cour infernale.

Hiéroglyphes. Les Égyptiens avaient beaucoup d’idées superstitieuses, s’il faut les juger par leurs hiéroglyphes. Ils expriment le sexe masculin par un vautour, dit un ancien, parce que tous les vautours sont femelles, et que le vent seul féconde leurs œufs ; ils représentaient le cœur par deux drachmes, parce que le cœur d’un enfant d’un an ne pèse que deux gros. Une femme qui n’avait qu’un enfant, ils la figuraient par une lionne, parce que cet animal ne fait qu’un petit (du moins ils le croyaient de la sorte). Ils indiquaient l’avortement par un cheval qui donne un coup de pied à un loup, parce que,


disaient-ils, une cavale avorte si elle marche sur les traces d’un loup[3], etc. M. Champollion donne d’autres explications.

Hiéromnénon, pierre que les anciens employaient dans leurs divinations, mais dont ils ne nous ont laissé aucune description.

Hiéroscopie. Voy. Hépatoscopie.

Himmemberg, contrée du paradis d’Odin. On y arrivait par un pont lumineux, qui est l’arcen-ciel.

Hipokindo, mot qui, prononcé d’une certaine façon, charme les serpents et les empêche de nuire. Paracelse en parle.

Hipparchus. On lui attribue un ouvrage intitulé le Livre des esprits.

Hippocrate, père de la médecine. Les légendes du moyen âge font de lui un grand magicien, et lui prêtent des aventures dans le genre de celles qu’elles attribuent à Virgile[4]. On met sous son nom un Traité des songes dont on recherche les éditions accompagnées des Commentaires de Jules-César Scaliger ; in-8o, Guesne, 1610 ; et un autre livre intitulé les Aspects des étoiles.

Hippogriffe, animal fabuleux, composé du cheval et du griffon, que l’Arioste et les autres romanciers donnent quelquefois pour monture aux héros des romans de chevalerie.

Hippomane, excroissance charnue que les poulains apportent à la tête en naissant, et que la mère mange aussitôt. Les anciens donnaient le nom à hippomane à certains philtres, parce qu’on prétend qu’il y entrait de cette excroissance.

Hippomane est aussi le nom d’une herbe qui fait entrer les chevaux en fureur lorsqu’ils la broutent[5]. — On raconte qu’une cavale de bronze, placée auprès du temple de Jupiter Olympien, faisait hennir les chevaux comme si elle eût été

  1. M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, etc., t. I, p. 439.
  2. Des admirables secrets d’Albert le Grand, p. 407.
  3. Brown, Essai sur les erreurs populaires, t. II, p. 69.
  4. Voyez ces légendes, dans les Légendes infernales.
  5. Manuel lexique de l’abbé Prévost.