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musicien habile à qui rien ne pouvait résister. Les compilateurs du moyen âge l’ont regardé comme un magicien insigne, et ont attribué aux charmes de la magie les merveilles que la mythologie attribue au charme de sa voix.

Orphée fut le plus grand sorcier et le plus grand nécromancien qui jamais ait vécu, dit Pierre Leloyer. Ses écrits ne sont farcis que des louanges des diables. Il savait les évoquer. Il institua l’ordre des Orphéotélestes, espèce de sorciers, parmi lesquels Bacchus tenait anciennement pareil lieu que le diable tient aujourd’hui aux assemblées du sabbat. Bacchus, qui n’était qu’un diable déguisé, s’y nommait Sabasius : c’est de là que le sabbat a tiré son nom. Après la mort d’Orphée, sa tête rendit des oracles dans l’île de Lesbos. Tzetzès dit qu’Orphée apprit en Égypte la funeste science de la magie, qui y était en grand crédit, et surtout Part de charmer les serpents. Pausanias explique sa descente aux enfers par un voyage en Thesprotie, où l’on évoquait par des enchantements les âmes des morts. L’époux d’Eurydice, trompé par un fantôme qu’on lui fit voir pendant quelques instants, mourut de regret, ou du moins renonça pour jamais à la société des hommes et se retira sur les montagnes de Tbrace. Leclerc prétend qu’Orphée était un grand magicien ; que ses hymnes sont des évocations infernales, et que, si l’on en croit Apollodore et Lucien, c’est lui qui a mis en vogue dans la Grèce la magie, Part de lire dans les astres et l’évocation des mânes.

Orphelinats. Plusieurs fois ces établissements de charité ont été obsédés par les malins esprits. Dans la maison d’orphelines fondée à Lille au milieu du dix-septième siècle par Antoinette Bourignon, la fondatrice crut voir un jour une nuée de petits démons voltigeant autour des têtes de ses jeunes filles. Elle les entoura de surveillance. Un jour, une d’elles s’étant échappée d’une chambre bien close où on l’avait enfermée, on lui demanda qui l’avait mise en liberté ; elle répondit : « J’ai été délivrée par un esprit auquel je me suis vouée dès l’enfance. » Dès lors cinquante orphelines se déclarèrent possédées ; elles disaient qu’elles étaient emportées au sabbat toutes les nuits. On accusa la Bourignon d’avoir enflammé les imaginations de ces pauvres jeunes filles, et là peur qu’elle eut d’être poursuivie l’engagea à s’enfuir.

En 1669, les orphelins de l’hospice de Horn furent pareillement atteints de convulsions et de délire. C’était un pays de protestants, et les démons avaient beau jeu ; car les ministres, qui chez eux remplaçaient nos prêtres, ne pouvaient exorciser. Cependant, ces orphelins hurlaient et aboyaient comme des chiens. Ils se jetaient par terre et se heurtaient à se briser contre des corps durs. Un siècle auparavant, en 1566, la même crise avait eu lieu dans la maison des orphelins d’Amsterdam. Hooft, dans son Histoire des Pays-Bas, rapporte que soixante-dix de ces pauvres enfants étaient évidemment possédés par de mauvais esprits. Ils grimpaient aux murs les plus élevés et couraient sur les toits comme des chats. Si on les fâchait, leurs figures devenaient horribles. Ils parlaient des langues qu’ils n’avaient jamais apprises et racontaient dans leur petite chambre ce qui se passait et ce qui se disait à l’hôtel de ville, au moment même où ils parlaient. C’était donc une épidémie diabolique ; et nous ne saurions dire comment elle fut calmée.

Orphéotelestes, gens qui faisaient le sabbat, c’est-à-dire les mystères d’Orphée.

Or portable, Or artificiel. Voy. Alchimie.

Orr (John). C’était un Américain, en correspondance sans doute avec les esprits. Il prêchait le spiritisme dans les rues, se disant l’ange Gabriel, et par conséquent à l’abri de la mort. Il avait des adeptes qui furent donc bien surpris de le voir mourir comme un homme, au commencement de l’année 1857, à Démérara.

Orthon, lutin ou esprit familier qui s’attacha au comte de Foix. Le bon Froissart en a parlé[1].

Ortie brûlante. Les Islandais, qui appellent cette plante netla, croient qu’elle a une vertu singulière pour écarter les sortilèges. Selon eux, il faut en faire des poignées de verges et en fouetter les sorciers à nu.

Os des morts. Certains habitants de la Mauritanie ne mettent jamais deux corps dans la même sépulture, de peur qu’ils ne s’escamotent mutuellement leurs os au jour de la résurrection.

Othon. Suétone dit que le spectre de Galba poursuivait sans relâche Othon, son meurtrier, le tiraillait hors du lit, l’épouvantait et lui causait mille tourments. C’était peut-être le remords.

Otis ou Botis, grand président des enfers. Il apparaît sous la forme d’une vipère ; quand il prend la figure humaine, il a de grandes dents, deux cornes sur la tête et un glaive à la main ; il répond effrontément sur le présent, le passé et l’avenir. Il a autant d’amis que d’ennemis. Il commande soixante légions[2].

Ouahiche, génie ou démon dont les jongleurs iroquois se prétendent inspirés. C’est lui qui leur révèle les choses futures.

Ouikka, mauvais génie qui, chez les Esquimaux, fait naître les tempêtes et renverse les barques.

Oulon-Toyon, chef des vingt-sept tribus d’esprits malfaisants, que les Yakouts supposent répandus dans l’air et acharnés à leur nuire. Il a une femme et beaucoup d’enfants.

Oupires. Voy. Vampires.

Ouran ou Ouran-Soangue, homme endiablé, sorte de magiciens de l’île Gromboccanore, dans

  1. Voyez son histoire dans les Légendes des esprits et démons.
  2. Wierus, in Pseudom. dæmon.