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noir, ou trop pâle, ou trop rouge, ou trop grand, ou trop petit, ou le pied fourchu, ou les mains en griffes, ou la queue au derrière et les cornes en tête, etc., à moins qu’il ne prenne une forme bizarre. Il parlait à Simon le Magicien, et à d’autres, sous la figure d’un chien ; à Pythagore, sous celle d’un fleuve ; à Apollonius, sous celle d’un orme, etc.

Excepté les démons de midi, les démons et les spectres apparaissent la nuit plutôt que le jour, et la nuit du vendredi au samedi de préférence à toute autre, comme le déclare Jean Bodin, d’après un grand nombre de témoignages.

Les apparitions des esprits, dit Jamblique, sont analogues à leur essence. L’aspect des habitants des cieux est consolant, celui des archanges terrible, celui des anges moins sévère, celui des démons épouvantable. Il est assez difficile, ajoute-t-il, de se reconnaître dans les apparitions des spectres, car il y en a de mille sortes. — Delancre donne pourtant les moyens de ne point s’y tromper. « On peut distinguer les âmes des démons, dit-il. Ordinairement les âmes apparaissent en hommes portant barbe, en vieillards, en enfants ou en femmes, bien que ce soit en habit et en contenance funeste. Or les démons peuvent se montrer ainsi. Mais, ou c’est l’âme d’une personne bienheureuse, ou c’est l’âme d’un damné. Si c’est l’âme d’un bienheureux, et qu’elle revienne souvent, il faut tenir pour certain que c’est un démon, qui, ayant manqué son coup de surprise, revient plusieurs fois pour le tenter encore. Car une âme ne revient plus quand elle est satisfaite, si ce n’est par aventure une seule fois pour dire merci. — Si c’est une âme qui se dise l’âme d’un damné, il faut croire encore que c’est un démon, vu qu’à grand’peine laisse-t-on jamais sortir l’âme des damnés. » Voilà les moyens de se reconnaître que Pierre Delancre donne comme aisés[1].

Il dit un peu plus loin que le spectre qui apparaît sous une peau de chien ou sous toute autre forme laide est un démon ; mais le diable est si malin, qu’il vient aussi sous des traits qui le font prendre pour un ange. Il faut donc se défier. — Voyez pour les anecdotes : Visions, Spectres, Fantômes, Hallucinations, Esprits, Lutins, Vampires, Revenants, Songes, Armées prodigieuses, etc.

Voici, sur les apparitions, un petit fait qui a eu lieu à la Rochelle, et que les journaux rapportaient en avril 1843 : « Depuis quelque temps, la population se préoccupait des revenants qui apparaissaient tous les soirs sous la forme de flammes phosphorescentes, bleuâtres et mystérieuses. Ces revenants ont été pris au trébuchet : c’étaient cinq gros réjouis de paysans des environs qui, grimpés tous les soirs sur des arbres très-élevés, lançaient des boulettes phosphoriques avec un fil imperceptible. Pendant la nuit, ils donnaient le mouvement et la direction qu’ils voulaient à leurs globes de feu, et quand les curieux couraient après une flamme, elle devenait aussitôt invisible ; mais à l’instant il en surgissait une autre sur un point opposé pour détourner l’attention. Ce jeu s’effectuait ainsi pendant quelques instants successivement, et puis simultanément, de manière à produire plusieurs flammes à la fois. — Cette jonglerie trompa bien des incrédules effrayés ; mais enfin il se trouva un esprit rassis. Caché derrière une haie, il observa attentivement la mise en scène et devina le secret de la comédie. Suffisamment édifié, il alla quérir la gendarmerie, et les cinq mystificateurs furent arrêtés au moment où ils donnaient une nouvelle représentation. Quel était leur but ? On l’ignore. Le plus curieux de l’histoire, c’est qu’une commission scientifique avait déjà préparé un rapport sur l’étonnant phénomène météorologique de ces mauvais plaisants. »

Mais il ne faut pas s’appuyer sur des farces de ce genre pour nier les apparitions. IL y en a d’incontestables, comme on le verra en divers articles de ce livre.

Apsaras. Les apsaras sont les fées de la mythologie indienne.

 
Apsara
Apsara
 

Apulée. Philosophe platonicien, né en Afrique, connu par le livre de l’Âne d’or. Il vécut au deuxième siècle, sous les Antonins. On lui attribue plusieurs prodiges auxquels sans doute il n’a jamais songé. Il dépensa tout son bien en voyages, et mit tous ses soins à se faire initier dans les mystères des diverses religions païennes ; après quoi il s’aperçut qu’il était ruiné. Comme il était bien fait, instruit et spirituel, il captiva l’affection d’une riche veuve de Carthage, nommée Pudentilla, qu’il parvint à épouser. Il était encore jeune, et sa femme avait cinquante ans. Cette disproportion d’âge et la pauvreté connue d’Apulée firent soupçonner qu’il avait employé,

  1. L’Inconstance des démons, liv. V, disc. ii.