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l’arrondit ; le libertinage l’énerve et la flétrit. L’usage de la lèvre inférieure est de lui servir de support.

Une bouche resserrée, dont la fente court en ligne droite, et où le bord des lèvres ne paraît pas, est l’indice certain du sang-froid, d’un esprit appliqué, de l’exactitude et de la propreté, mais aussi de la sécheresse de cœur. Si elle remonte en même temps aux deux extrémités, elle suppose un fond d’affectation et de vanité. Des lèvres rognées inclinent à la timidité et à l’avarice. Une lèvre de dessus qui déborde un peu est la marque distinctive de la bonté ; non qu’on puisse refuser absolument cette qualité à la lèvre d’en bas qui avance ; mais, dans ce cas, on doit s’attendre plutôt à une froide et sincère bonhomie qu’au sentiment d’une vive tendresse. Une lèvre inférieure qui se creuse au milieu n’appartient qu’aux esprits enjoués. Regardez attentivement un homme gai dans le moment où il va produire une saillie, le centre de sa lèvre ne manquera jamais de se baisser et de se creuser un peu.

Une bouche bien close, si toutefois elle n’est pas affectée et pointue, annonce le courage ; et dans les occasions où il s’agit d’en faire preuve, les personnes mêmes qui ont l’habitude de tenir la bouche ouverte la ferment ordinairement. Une bouche béante est plaintive ; une bouche fermée souffre avec patience, dit le Brun, dans son Traité des passions, et c’est la partie qui, de tout le visage, marque le plus particulièrement les mouvements du cœur. Lorsqu’il se plaint, la bouche s’abaisse par les côtés ; lorsqu’il est content, les coins de la bouche s’élèvent en haut ; lorsqu’il a de l’aversion, la bouche se pousse en avant et s’élève par le milieu. Toute bouche qui a deux fois la largeur de l’œil est la bouche d’un sot ; j’entends la largeur de l’œil prise de son extrémité vers le nez jusqu’au bout intérieur de son orbite, les deux largeurs mesurées sur le même plan. Si la lèvre inférieure, avec les dénis, dépasse horizontalement la moitié de la largeur de la bouche vue de profil, comptez, suivant l’indication des autres nuances de phy sionomie, sur un de ces quatre caractères isolés, ou sur tous les quatre réunis, bêtise, rudesse, avarice, malignité. De trop grandes lèvres, quoique bien proportionnées, annoncent toujours un homme peu délicat, sordide ou sensuel, quelquefois même un homme stupide ou méchant.

Une bouche, pour ainsi dire, sans lèvres, dont la ligne du milieu est fortement tracée, qui se retire vers le haut, aux deux extrémités, et dont la lèvre supérieure, vue de profil depuis le nez, paraît arquée ; une pareille bouche ne se voit guère qu’à des avares rusés, actifs, industrieux, froids, durs, flatteurs et polis, mais atterrants dans leurs refus. Une petite bouche, étroite, sous de petites narines, et un front elliptique, est toujours peureuse, timide à l’excès, d’une vanité puérile, et s’énonce avec difficulté. S’il se joint à cette bouche de grands yeux saillants,

 
Physiognomonie
Physiognomonie
 
troubles, un menton osseux, oblong, et surtout si la bouche se tient habituellement ouverte,
 
Physiognomonie
Physiognomonie
 
soyez encore plus sur de l’imbécillité d’une pareille tête.

Les dents petites et courtes sont regardées, par les anciens physionomistes, comme le signe