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d’huile de laurier, une once de graisse de cerf, une once de momie naturelle, une demi-chopine d’esprit-de-vin et sept feuilles de verveine. Vous ferez bouillir 16 tout dans un pot neuf jusqu’à demi-réduction ; puis vous en formez les emplâtres sur de la peau neuve, et, lorsque vous les appliquez sur la rate, vous allez comme le vent. Pour n’être point malade quand vous le quittez, il faut prendre trois gouttes de sang dans un verre de vin blanc.

» Composition de l’encre pour écrire les pactes. — Les pactes ne doivent point être écrits avec l’encre ordinaire. Chaque fois qu’on fait une appellation à l’esprit, on doit en changer. Mettez dans un pot de terre verpissé neuf de l’eau de rivière et la poudre décrite ci-après. Alors prenez des branches de fougère cueillie la veille de la Saint-Jean, du sarment coupé en pleine lune de mars ; allumez ce bois avec du papier vierge, et dès que votre eau bouillira, votre encre sera faite. Observez bien d’en changer à chaque nouvelle écriture que vous aurez à faire. Prenez dix onces de noix de galle et trois onces de vitriol romain, ou couperose verte ; d’alun de roche ou de gomme arabique, deux onces de chacun ; mettez le tout en poudre impalpable, dont, lorsque vous voudrez faire de l’encre, vous préparerez comme il est dit ci-dessus.

» Encre pour noter les sommes qu’on prendra dans les trésors cachés et pour en demander de plus fortes à Lucifuge[1] dans les nouveaux besoins. — Prenez des noyaux de pêche sans en ôter les amandes, mettez-les dans le feu pour les réduire en charbons bien brûlés ; alors retirez-les, et, lorsqu’ils sont bien noirs, prenez-en une partie, que vous mêlerez avec autant de noir de fumée ; ajoutez-y deux parties de noix de galle concassées ; faites dans l’huile desséchée de gomme arabique quatre parties ; que le tout soit mis en poudre très-fine et passée par le tamis. Mettez cette poudre dans de l’eau de rivière. Il est inutile de faire remarquer que tous les objets décrits ci-dessus doivent être absolument neufs.

» Lecteur bénévole, dit pour sa conclusion l’auteur de ces recettes, dont nous ne donnons que le bouquet, pénétre-toi bien de tout ce que le grand Salomon vient de t’enseigner par mon organe. Sois sage comme lui, si tu veux que toutes les richesses que je viens de mettre en ton pouvoir puissent faire ta félicité. Sois humain envers tes semblables, soulage les malheureux ; vis content. Adieu. »

Il est triste de savoir que de tels livres se vendent en grand nombre dans nos campagnes. Les voltairiens se plaignent de l’innocente diffusion de quelques petites brochures pieuses qui prêchent la paix ; ils ne disent rien des Grimoires et des Clavicules.

Segjin, septième partie de l’enfer chez les mahométans. On y jette les âmes des impies, sous un arbre noir et ténébreux, où l’on ne voit jamais aucune lumière ; ce qui n’est pas gai.

Seidur, magie noire chez les Islandais. V. Nid.

Seings. Divination à l’aide des seings, adressée par Mélampus au roi Ptolémée. — Un seing ou grain de beauté, au front de l’homme ou de la femme, promet des richesses. Un seing auprès des sourcils d’une femme la rend à la fois bonne et belle ; auprès des sourcils d’un homme, un seing le rend riche et beau. Un seing dans les sourcils promet à l’homme cinq femmes et à la femme cinq maris. Celui qui porte un seing à la joue deviendra opulent. Un seing à la langue promet le bonheur en ménage. Un seing aux lèvres indique la gourmandise. Un seing au menton annonce des trésors. Un seing aux oreilles donne une bonne réputation. Un seing au cou promet une grande fortune ; mais pourtant celui qui porte un seing derrière le cou pourrait bien être décapité. Un seing aux reins caractérise un pauvre gueux. Un seing aux épaules annonce une captivité. Un seing à la poitrine ne donne pas de grandes richesses. Celui qui porte un seing sur le cœur est quelquefois méchant ; celui qui porte un seing au ventre aime la bonne chère. Ceux qui ont un seing aux mains auront beaucoup d’enfants. Voy. Chiromancie.

Sel. Le sel, dit Boguet, est un antidote souverain contre la puissance de l’enfer. Le diable a tellement le sel en haine qu’on ne mange rien de salé au sabbat. Un Italien, se trouvant par hasard à cette assemblée pendable, demanda du sel avec tant d’importunité, que le diable fut contraint d’en faire servir. Sur quoi l’Italien s’écria : — Dieu soit béni, puisqu’il m’envoie ce sel ! et tout délogea à l’instant. Quand du sel se répand sur la table, mauvais présage, que l’on conjure en prenant une pincée du sel répandu et le jetant derrière soi avec la main droite par-dessus l’épaule gauche. Les Écossais attribuent une vertus extraordinaire à l’eau saturée de sel ; les habitants des Hébrides et des Orcades n’oublient jamais de placer un vase rempli d’eau et de sel sur la poitrine des morts, afin, disent-ils de chasser les esprits infernaux. Le sel est le symbole de l’éternité et de la sagesse, parce qu’il ne se corrompt point. Voy. Salière.

Sépar. Voy. Vépar.

Séphirioths (les) sont dans la cabale des êtres supérieurs mal définis.

Sépulture. Quelques philosophes qui voyageaient en Perse, ayant trouvé un cadavre abandonné sur le sable, l’ensevelirent et le mirent en terre. La nuit suivante, un spectre apparut à l’un de ces philosophes et lui dit que ce mort était le corps d’un infâme qui avait commis un inceste, et que la terre lui refusait son sein. Les philosophes se rendirent le lendemain au même lieu

  1. Pour Lucifage (qui fait la lumière), voyez Pactes.