venait de prendre enfin, malgré la protection de Mercure.
Les astrologues tirent vanité de deux ou trois de leurs prédictions accomplies, quoique souvent, d’une manière indirecte, entre mille qui n’ont pas eu de succès, L’horoscope du poëte Eschyle portait qu’il serait écrasé par la chute d’une maison ; il s’alla, dit-on, mettre en plein champ, pour éviter sa destinée ; mais un aigle, qui avait enlevé une tortue, la lui laissa tomber sur la tête, et il en fut tué. Si ce conte n’a pas été fait après coup, nous répondrons qu’un aveugle, eu jetant au hasard une multitude de flèches, peut atteindre le but une fois par hasard. Quand il y avait en Europe des milliers d’astrologues qui faisaient tous les jours de nouvelles prédictions, il pouvait s’en trouver quelques-unes que l’événement, par cas fortuit, justifiait ; et celles-ci, quoique rares, entretenaient la crédulité que des millions de mensonges auraient du détruire.
L’empereur Frédéric-Barberousse, étant sur le point de quitter Vicence, qu’il venait de prendre d’assaut, défia le plus fameux astrologue de de-
Un homme que les astres avaient condamné en naissant à être tué par un cheval avait grand soin de s’éloigner dès qu’il apercevait un de ces animaux. Or, un jour qu’il passait dans une rue, une enseigne lui tomba sur la tête, et il mourut du coup : c’était, dit le conte, l’enseigne d’une auberge où était représenté un cheval noir.
Mais il y a d’autres anecdotes : Un bourgeois de Lyon, riche et crédule, ayant fait dresser son horoscope, mangea tout son bien pendant le temps qu’il croyait avoir à vivre. N’étant pas mort à l’heure que l’astrologue lui avait assignée, il se vit obligé de demander l’aumône, ce qu’il faisait en disant : — «Ayez pitié d’un homme qui a vécu plus longtemps qu’il ne croyait. »
Une dame pria un astrologue de deviner un chagrin qu’elle avait dans l’esprit. L’astrologue, après lui avoir demandé l’année, le mois, le jour et l’heure de sa naissance, dressa, la figure de
Darah, l’un des quatre fils du Grand Mogol Schah-Géhan, ajoutait beaucoup de foi aux prédictions des astrologues. Un de ces doctes lui avait prédit, au péril de sa tête, qu’il porterait la couronne. Darah comptait là-dessus. Comme on s’étonnait que cet astrologue osât garantir sur sa vie un événement aussi incertain : — « Il arrivera de deux choses l’une, répondit-il, ou Darah parviendra au trône, et ma fortune est faite ; ou il sera vaincu : dès lors sa mort est certaine, et je ne redoute pas sa vengeance. »
Heggiage, général arabe sous le calife Valid, consulta, dans sa dernière maladie, un astrologue qui lui prédit une mort prochaine. — « Je compte tellement sur votre habileté, lui répondit Heggiage, que je veux vous avoir avec moi dans l’autre monde, et je vais vous y envoyer le premier, afin que je puisse me servir de vous dès mon arrivée. » Il lui fit couper la tête, quoique le temps fixé par les astres ne fut pas encore arrivé.
L’empereur Manuel, qui avait aussi des prétentions à la science de l’astrologie, mit en mer, sur la foi des astres, une flotte qui devait faire