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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/79

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BAC
BAG
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petit traité intitulé Speculum alclhimiæ, traduit en français par J. Girard de Tournas, sous le titre de Miroir d’alchimie, in-12 et in-8o, Lyon, 1557 ; Paris, 1612. Le même a traduit l’Admirable puissance de l’art et de la nature, in-8o, Lyon, 1557 ; Paris, 1729. De potestate mirabili artis et naturæ.

On ne confondra pas Roger Bacon avec François Bacon, grand chancelier d’Angleterre, mort en 1626, que Walpole appelle « le prophète (un peu aventureux) des vérités que Newton est venu révéler aux hommes. »

Bacoti, nom commun aux devins et aux sorciers de Tonquin. On interroge surtout le bacoti pour savoir des nouvelles des morts. Il bat le tambour, appelle le mort à grands cris, se tait ensuite pendant que le défunt lui parle à l’oreille sans se laisser voir, et donne ordinairement de bonnes nouvelles, parce qu’on les paye mieux.

Bad, génie des vents et des tempêtes chez les Persans. Il préside au vingt-deuxième jour de la lune.

Baducke, plante dont on prétend que le fruit, pris dans du lait, glace les sens. Les magiciens l’ont quelquefois employé pour nouer l’aiguillette, Il suffit, dit-on, d’en faire boire une infusion à celui qu’on veut lier.

Badumna, fée ou elfe supérieure qui domine dans les forêts : mythologie Scandinave.

Baël, démon cité dans le Grand Grimoire, en tête des puissances infernales. C’est aussi par lui que Wiérus commence l’inventaire de sa fameuse Pseudomonarchia dœmonum. Il appelle Baël le premier roi de l’enfer ; ses États sont dans la partie orientale. Il se montre avec trois

 
Baël
Baël
 
têtes, dont l’une a la figure d’un crapaud, l’autre celle d’un homme, la troisième celle d’un chat. Sa voix est rauque ; mais il se bat très-bien. Il rend ceux qui l’invoquent fins et rusés, et leur apprend le moyen d’être invisibles au besoin. Soixante-six légions lui obéissent. — Est-ce le même que Baal ?

Bætiles, pierres que les anciens consultaient comme des oracles et qu’ils croyaient animées. C’étaient quelquefois des espèces de talismans. Saturne, pensant avaler Jupiter, dévora une de ces pierres emmaillottée. Il y en avait de petites, taillées en forme ronde, que l’on portait au cou ; on les trouvait sur des montagnes où elles tombaient avec le tonnerre.

Souvent les baetiles étaient des statues ou mandragores. On en cite de merveilleuses qui rendaient des oracles, et dont la voix sifflait comme celle des jeunes Anglaises. On assure même que quelques baetiles tombèrent directement du ciel ; telle était la pierre noire de Phrygie que Scipion Nasica amena à Rome en grande pompe.

On révérait à Sparte, dans le temple de Minerve Chalcidique, des baetiles de la forme d’un casque, qui, dit-on, s’élevaient sur l’eau au son de la trompette, et plongeaient dès qu’on prononçait le nom des Athéniens. On disait ces pierres trouvées dans l’Eurotas[1].

Bag, idole persane qui a donné son nom à la ville de Bagdad.

Bagoé, devineresse que quelques-uns croient être la sibylle Erythrée. C’est, dit-on, la première femme qui ait rendu des oracles. Elle devinait en Toscane, et jugeait surtout des événements par le tonnerre. Voy. Bigoïs.

Bague. Voy. Anneau.

Baguette divinatoire, rameau fourchu de coudrier, d’aune, de hêtre ou de pommier, à l’aide duquel on découvre les métaux, les sources cachées, les trésors, les malélices et les voleurs.

Il y a longtemps qu’une baguette est réputée nécessaire à certains prodiges. On en donne Une aux fées et aux sorcières puissantes. Médée, Circé, Mercure, Bacchus, Zoroastre, Pythagore, les sorciers de Pharaon, voulant singer la verge de Moïse, avaient une baguette ; Romulus prophétisait avec un bâton augurai. Les Alains et d’autres peuples barbares consultaient leurs dieux en fichant une baguette en terre. Quelques devins de village prétendent encore deviner beaucoup de choses avec la baguette. Mais c’est surtout à la fin du dix-septième siècle qu’elle fit le plus grand bruit : Jacques Aymar la mit en vogue en 1692. Cependant, longtemps auparavant, Delrio[2] avait indiqué, parmi les pratiques superstitieuses, l’usage d’une baguette de coudrier pour découvrir les voleurs ; mais Jacques Aymar opérait des prodiges si variés et qui surprirent tellement, que le père Lebrun[3] et le sa-

  1. Tome III des Mémoires de l’Académie des inscriptions.
  2. Disquisit. magic, lib. III, sect. ult.
  3. Dans ses Lettres, qui découvrent l’illusion des philosophes sur la baguette et qui détruisent leurs systèmes (in-12, Paris, 1693), et dans son Histoire des pratiques superstitieuses.