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Page:Jacques Normand - Tablettes d un mobile, 1871.djvu/95

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Tout est rompu : le peuple envahit la maison,
Se hisse sur les murs et veut voir. — Quoi ? — Sans doute,
Juger les deux captifs : il faut qu’on les écoute ;
Avant de les punir, qu’on connaisse leur tort…
Non ! ce n’est pas cela qu’ils veulent : c’est leur mort !
Leur mort ! — Les loups-cerviers jugent-ils leurs victimes ?
Leur mort ! — Les assassins s’arrêtent-ils aux crimes ?
Leur mort ! — Car la terreur va toujours grandissant :
Après le vol, le meurtre ; après le vin, le sang !

Ils sont là tous les deux, froids, calmes, tête nue ;
Ils attendent, fixant cette immonde cohue
D’un œil tranquille et sûr, qui connaît le danger.
Hélas ! ils savent bien qu’on ne peut les juger,
Et, les jugerait-on, que leur mort est certaine.
D’ailleurs ils sont soldats et leur âme est sereine :
L’un faisait son devoir quand on vint le saisir ;
L’autre l’a toujours fait : tous deux peuvent mourir.

Cependant les bandits, dans leur féroce joie,
Trouvent qu’on est bien long à leur livrer leur proie.