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pas la poésie… alors faisons de la musique… Chantons.

I
––––––Rose, la fille à Mathurin,
––––––Dansait au son du tambourin !
––––––Dans son carrosse un roi passait,
––––––Il descendit la voir danser.
––––––C’était au temps de nos grand’s-mères,
––––––Où se mariaient rois et bergères.
–––––––––––Ah ! ah ! ah !
––––––Rose, la fille aux jolis yeux,
––––––Devant le roi fit de son mieux !
CHŒUR.
––––––Quel conte en l’air ! quel conte bleu !
––––––Il est charmant, retenons-le.
II
––––––Le roi charmé lui prit la main,
––––––Ainsi qu’un brin de son jasmin ;
––––––Puis à la danse au gai tambour
––––––Avec Rosette il fit un tour.
––––––C’était au temps de nos grand’s-mères,
––––––Où se mariaient rois et bergères.
–––––––––––Ah ! ah ! ah !
––––––Rose, la fille aux jolis yeux,
––––––Devant le roi fit de son mieux !
CHŒUR.
––––––Quel conte, etc.
III
––––––Le roi, ravi, trouva plaisant
––––––De l’emmener tout en dansant.
––––––Ils arrivèrent à la cour
––––––Au son du fifre et du tambour !
––––––C’était au temps de nos grand’s-mères,
––––––Où se mariaient rois et bergères,
–––––––––––Ah ! ah ! ah !
––––––Rose, la fille, au roi plut tant
––––––Qu’il l’épousa tambour battant !
CHŒUR.
––––––Quel conte, etc.
GENEVIÈVE.

Ah ! tous vos chants ne valent pas la ballade de Reynold.

ÉGLANTINE.

Qu’il chantait sous tes fenêtres ?

GENEVIÈVE.

Te la rappelles-tu ?

ÉGLANTINE.

Mon Dieu ! non.

GENEVIÈVE.

Quel dommage !

ÉGLANTINE.

Attends donc.

GRATIOSO, au dehors, chantant.

En passant sous la fenêtre, Où, pour mon malheur…

GENEVIÈVE, avec émotion.

Écoute… Quels sont ces accents ?

ÉGLANTINE.

C’est cette ballade bien-aimée.

GENEVIÈVE.

Qui peut chanter ainsi ?

ÉGLANTINE.

Je ne vois qu’un page troubadour qui s’en vient sous la feuillée.

GENEVIÈVE.

Si c’était…

ÉGLANTINE.

Faut-il l’appeler ?

GENEVIÈVE.

Mais tu vois bien que j’en meurs d’envie.

ÉGLANTINE, à la cantonnade.

Holà, beau page… Oui… vous… Oh ! madame, comme il est gentil !… Il vient… le voici.


Scène IX.

Les Mêmes, GRATIOSO.
GENEVIÈVE.

Ah ! je me sens mourir de joie… (Le voyant entrer.) Ah ! ce n’est pas lui.

GRATIOSO, entre en costume de page-troubadour.

C’est vous qui m’appelez ?

ÉGLANTINE.

Oui… Incline-toi… Tu es devant…

GRATIOSO.

Est-il besoin de me l’apprendre… en voyant ces traits… en admirant ces yeux, ne vois-je pas bien que je suis devant la reine de la beauté ?

ÉGLANTINE.

Pas mal… Quelle ballade chantais-tu tout à l’heure ?

GRATIOSO.

Celle de mon maître.

ÉGLANTINE.

Ton maître ?

GRATIOSO.

Reynold de Flandre.

GENEVIÈVE.

Reynold !…

GRATIOSO.

Voulez-vous que je vous la chante ?

TOUTES.

Oui.

GRATIOSO.

Écoutez, alors.

I
–––––––En pasant sous la fenêtre,
–––––––––Ou, pour mon malheur,
–––––––Je vous ai vue apparaître,
–––––––––J’ai perdu mon cœur !
––––––Ohé ! de la fenêtre, ohé !
––––––––––C’est vous, la belle,
––––––––––Que j’appelle !
–––––––––Ohé ! de la fenêtre, ohé !
–––––––––C’est vous que j’appelle.
––––––Mon cœur était tendre et fidèle, (bis)
–––––––Et, cette nuit, j’ai rêvé
–––––––––Que vous l’aviez trouvé.
––––––––––––Ohé !
II
–––––––Vous m’avez pris au passage
–––––––––Mon unique bien !
–––––––Si j’en crois votre visage,
–––––––––Vous n’en faites rien.