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Page:Jaloux - Fumées dans la campagne, 1925.djvu/7

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FUMÉES

DANS LA CAMPAGNE

I

Il y a quelques jours, les hasards de la vie m’ont ramené à Aix-en-Provence.

Une ville où nous avons passé notre enfance et notre jeunesse, n’est-ce pas la chose du monde à laquelle nous sommes le plus attachés ? Nous en connaissons chaque rue, chaque maison, chaque promenade. Tous ses recoins ont, pour nous, un aspect familier. Nous sourions de reconnaître une statue, telle forme d’arbre, au milieu d’une place, la sirène d’un heurtoir, comme si nous rencontrions des amis. Cette réunion, à demi anonyme d’hommes et de murailles, devient pour nous une manière d’intérieur, une demeure où l’on se trouve aussi à l’aise que chez soi.

Lorsque, au sortir de la gare, je vis, à l’entrée du cours Mirabeau, ruisseler la grande fontaine entre ses femmes et ses lions, mon cœur battit, je crus que j’avais cessé d’être un solitaire, un éternel étranger. Il faisait un temps clair de novembre : ciel pur, soleil sur les rameaux à peu près nus. En suivant le terre-plein qui, au milieu de chaque trottoir, divise I