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EDMOND JALOUX

gens raisonnent ainsi et on ne connaît que trop leur manière d’agir. Tout le monde sait à quoi s’en tenir là-dessus. Ces affirmations péremptoires n’engagent à rien !

— Ce que vous dites est peut-être vrai pour les autres, madame, mais pour moi, je puis donner l’assurance que je ne parle pas en l’air… Mon amour n’est ni un caprice, ni un béguin… Rien ne dure plus qu’un amour d’enfance…

Sa figure, renversée en arrière contre le dossier du siège, prit de nouveau la nuance de ses pensées ; elle s’assombrit visiblement, soit que l’idée de ne jamais épouser Edmée le torturât, soit qu’il souffrît du scepticisme de Mme Guitton.

Trop jeune et trop ardent pour douter longtemps de soi-même, il se révoltait contre les insinuations de sa confidente. Il dit enfin, après un moment de réflexion :

— Voyons, madame, vous me connaissez. Je ne suis ni noceur, ni inconstant. Je me suis attaché à Edmée, parce que je la connais depuis toujours, que j’ai lentement appris à l’apprécier, à l’estimer, à l’aimer. Pensez-vous que des conditions pareilles puissent se retrouver facilement ?… En principe, je suis plutôt un adversaire du mariage. Je ne le comprends que dans mon cas. Si je n’épouse pas Edmée, croyez-vous que je fasse la sottise de me marier avec la première venue, simplement pour me marier ? Je resterai célibataire, et je ne serai pas plus malheureux pour ça… Et puis, Edmée restera sans doute vieille fille, je la verrai souvent, nous pourrons continuer à vivre l’un pour l’autre. Si je