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Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/111

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LE RESTE EST SILENCE…

pières battre et ses yeux devenir humides, comme si des larmes sourdaient de partout à la fois, au fond de ces prunelles claires.

— Oh ! le méchant, le méchant, il va me faire pleurer.

Elle dit cela d’une voix si navrée, si vraiment désolée, sur un ton si humble, que j’eus tout de suite un grand remords de ma conduite, et j’allais lui demander pardon et lui sauter au cou, quand je m’aperçus qu’en parlant ainsi, elle ne s’adressait pas à moi, mais qu’elle regardait fixement ce personnage désagréable, maussade, qui ne parlait pas et continuait son ingrate besogne de dessinateur sur sable…

Alors je m’éloignai pour cueillir dans la belle prairie ondoyante des fleurs, qui avaient une couronne d’or, comme le roi des gnomes que j’avais vu sur un livre illustré que l’on m’avait offert pour le Jour de l’An, et d’autres, qui portaient gaiement une ombrelle blanche que parcouraient des bestioles menues.

Je ne revins que lorsque ma mère me rappela. Elle était debout et serrait la main