Je referme les paupières. Papa a repris sa marche, de long en large. Son pas monotone et cadencé me berce ; cela fait un bruit régulier et lourd, un murmure de vagues… Et, en effet, je me trouve le long d’une corniche. Mais quel singulier paysage ! Le lit de la mer est à peu près vide. À de gigantesques profondeurs, on aperçoit, en se penchant sur le parapet, de rares flaques pourrissantes ou des amas confus d’algues qui se dessèchent. Et de loin en loin, quelque formidable carcasse de monstre marin, un cadavre de baleine échouée en train de se décomposer sur des pierres. J’ai l’impression que c’est la fin du monde, et, en hâtant le pas, me voici soudain dans un parc assombri de grands arbres, plein d’une foule confuse, qui bourdonne, chuchote, s’entretient à voix basse d’un événement que je ne connais pas et qui semble scandaliser chacun. Parmi tant d’inconnus, je distingue mon oncle Trémelat. Comme il est vieux et voûté ! Mais pourquoi a-t-il une tête d’oiseau, oui, un crâne nu et blanc de héron à long bec. L’avait-il déjà quand