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Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/162

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LE RESTE EST SILENCE…

sitions, ils les perdront, une à une. Ils n’auront plus que deux ennemis, comme à l’aube des temps : le froid et la faim ; et le jour viendra, le jour, tout proche, hélas ! où le dernier homme disparaîtra de l’univers, ne laissant aucune trace de son passage. Comme sa sœur, la Lune, la vieille Terre roulera à jamais son cadavre inutile dans le gigantesque cimetière de l’Infini. Il n’y aura plus en elle que l’effroyable solitude et le formidable silence de ses déserts glacés et de ses grèves arides où ne battra plus que la Mort.

Alors rien ne demeurera de tout ce que nous avons connu, aimé ou admiré, de tout ce qui, souvent, nous a paru plus précieux que notre vie même ; ni œuvres d’art, ni monuments, ne seront plus visibles dans cet abominable pulvéroir, dans ce monstrueux ossuaire. Que restera-t-il de nos désirs, de nos passions, de nos rêves, de notre éternité si provisoire ? À quoi cela aura-t-il servi, que la passion de tant d’hommes ait dressé de siècle en siècle cette Beauté que l’on crut immortelle ? Rien