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Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/173

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LE RESTE EST SILENCE…

luant, un sourire ambigu et malicieux, ce demi-sourire de côté qu’un regard moqueur accompagne, et où j’ai appris ensuite que l’on peut lire la satisfaction éprouvée à faire passer un mensonge au rang de vérité indiscutable. Mais laquelle des paroles de madame de Thieulles était dans ce cas ?

Mon père revint vers moi, l’air grave, en même temps, et joyeux.

— Sais-tu ce que madame de Thieulles m’a dit ?

J’étais plein de mon importance :

— Oui, oui, je le sais.

— Ah ! si tu te doutais du poids qu’elle m’a enlevé du cœur ! Ouf ! depuis tantôt, je ne suis plus le même homme… Il me semble que j’ai vingt ans de moins…

— À quelle heure maman sera-t-elle là ? m’écriai-je impatiemment.

— Bientôt, bientôt… Elle peut arriver d’un moment à l’autre… Comme tu le penses, je n’irai pas au bureau, ce matin. Je vais envoyer Élise avec un mot pour Godfernaux ; je lui expliquerai ce qu’il y a à faire… Tu ne te figures pas, Léon…