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LE RESTE EST SILENCE…

qu’elle hésitât au bord d’un mensonge, et peut-être, pourtant, n’a-t-elle plus jamais menti, je ne sais pas…

Et les choses se pacifièrent peu à peu, du temps passa, il y eut un déchirement et une séparation, et je restai seul avec ma mère, mais, l’année suivante, ces deux êtres, qui s’étaient réunis Dieu seul sait pourquoi, se retrouvèrent pour ne plus se quitter. Cela se passa dans un jardin bas et humide, dans le même jardin sombre où chacun, tour à tour, a sa place. C’était à la fin d’un automne très froid, si trempé lui-même de larmes que les feuilles mortes ne se séchaient pas, mais pourrissaient dans la boue. C’était à la fin d’un automne très maussade et très pluvieux, et j’ai de bonnes raisons pour me souvenir de lui…


Je voyageai, et, un soir, me trouvant à Paris et me sentant atrocement seul et abandonné, par désœuvrement et avec l’espoir de me distraire peut-être un peu, j’entrai dans un café-concert. Je suivis la foule du prome-