Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/207

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léguant à son fils unique ce bâtiment grand comme un village et où il avait entassé ce qu’il avait de plus beau en meubles, en tapisseries et en objets d’art. Strongbow développait trois corps d’habitation se suivant et formant des carrés soudés les uns aux autres. Le premier s’ouvrait par une vaste cour d’honneur, le second prenait jour, intérieurement, sur un minuscule jardin français aux buis taillés et aux allées symétriques, le dernier encadrait un patio à l’espagnole où dansait la marotte sonnante d’un jet d’eau. Au-dedans, c’était un dédale formidable de corridors, d’escaliers, de galeries de glaces, de chambres gigantesques, de salles immenses et sans destination visible, le tout propre à loger une armée et dominant tout un pays, avec, derrière, un parc anglais qui se perdait dans les forêts.

Ce fut là que vécut Herbert Cornwallis.

Un grand nombre de domestiques habitait le château, mais, ses ordres donnés une fois pour toutes, l’exilé volontaire défendit qu’on lui adressât la parole. Le seul être qu’il reçut fut son tailleur, qui venait