Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/221

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cueillait des fleurs aux buissons, et battait des mains quand une belle harde de cerfs ou de chevreuils traversait en bondissant le chemin.

Lorsque le soir venait et que l’humidité descendait et dépliait son voile de brouillard, ils reprenaient lentement la route du château. Ils traversaient l’antichambre nue, où l’on ne voyait, comme ornements, que les armes des Cornwallis accrochées au mur, une galerie couverte de miroirs et gardée par des statues de marbre antiques, éternisées dans leur attitude héroïque ou sereine, et, prenant l’escalier de marbre rouge, ils gagnaient un salon moins grand que les autres et que May préférait à tous. Le sommelier montait quelque vieille bouteille couverte de poussière ou enrubannée de paille, un valet mettait sur une table de mosaïque deux verres de Venise dont la coupe laiteuse et frangée d’or était soutenue par un hippocampe irisé. May s’asseyait sur un coussin et posait sa tête blonde sur les genoux de son amant enfoncé dans un fauteuil.