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LE RESTE EST SILENCE…

sourire de Vénus et la grâce d’Hélène ! La vie aura pour eux plus de charmes que pour les autres hommes. La mythologie et les contes de fées sont plus nécessaires aux jeunes intelligences que l’orthographe et l’arithmétique.

Peut-être est-ce à cause de l’enseignement de ces dernières, que ces matinées de travail me pesaient si horriblement. J’étais aussi paresseux que gourmand ; il me fallait quitter avec détresse tous mes jeux délicieux, mes forts, mes boîtes de soldats, mes Japonais en terre cuite et mes singes de peluche, pour m’asseoir à une table, écouter des récits et des observations faits le plus souvent d’une voix maussade, respirer la fade odeur de l’encre noire, écrire, lire, ânonner, recevoir de légers coups de règle sur les doigts lorsque je me les fourrais dans le nez ou que je me tirais les cheveux de désespoir. Heureusement pour moi, maman était souvent obligée de sortir le matin. Elle me laissait des devoirs, mais je ne faisais rien, et elle ne me grondait pas en rentrant, parce qu’elle me