Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/261

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ment ce que disait le maître, mais elle se sentit écrasée par ce glacial mépris.

Il la congédia et resta seul. Il marchait de long en large, les heures passaient, et il réfléchit longtemps. Son amour pour May avait cependant adouci cette âme presque inhumaine à force d’orgueil et de désespoir : il résolut de faire une bonne action. Pour la seconde fois, il s’abandonna sans réserve à son sentiment, et cela ne devait pas mieux lui réussir que la première.

Le valet coupable comparut devant lui.

— John, je ne veux rien dire sur ce qui s’est passé. Tu as mal agi par deux fois avec cette femme, tu lui dois une réparation : veux-tu l’épouser ?

— Peuh ! fit le laquais d’un air insolent, une petite coureuse de chemins, une mend…

Il n’acheva pas. L’outrage à la femme qu’il avait aimée atteignit Cornwallis au cœur, il leva la main et brisa, sur la figure du drôle, sa svelte épine noire. John sortit, le visage en sang.