Aller au contenu

Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
LE RESTE EST SILENCE…

mon père et tante Irma s’étaient assis, au coin de la cheminée sans feu, et parlaient bas.

Lui faisait beaucoup de gestes et semblait expliquer quelque chose, elle gardait sa physionomie condoléante et sournoise. Un moment, j’entendis s’élever la grosse voix de ma tante ; elle disait, d’un ton protecteur, plein de perfide indulgence :

— Je te l’ai toujours dit, Joseph, tu n’as pas voulu m’écouter. Elle est trop jeune pour toi, vois-tu, beaucoup trop jeune…


Quand nous rentrâmes, maman, étendue sur sa chaise-longue, semblait rêvasser. Elle nous questionna d’une voix languissante et s’enquit de notre après-midi, de façon lointaine et mélancolique. Elle nous dit qu’elle avait eu raison de ne pas sortir et qu’elle se sentait un peu mieux, sans aller toutefois bien.

— Mais qu’as-tu donc ? grommela mon père.

— La migraine, murmura-t-elle, avec un sourire si fin qu’il ne le vit pas.