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LE RESTE EST SILENCE…

— Oh ! si, si. Je le comprends bien, va… Où as-tu mal ? C’est encore tante Irma, n’est-ce pas ?

— Non, je t’assure, ce n’est pas elle…

Elle hésita une seconde comme si elle allait parler, m’avouer son chagrin, mais sans doute réfléchit-elle que jamais, non jamais, elle ne pourrait me le confesser.

Elle me serra dans ses bras et me dit :

— Tu m’aimes bien, mon chéri ?

Et elle ajoutait, en me pressant convulsivement contre elle, ces paroles étranges qu’elle m’avait dites, il y avait peu de temps déjà, un soir de crise, ces paroles qui semblaient contenir le désir secret et profond de toute sa vie :

— Aime-moi bien, mon petit trésor, aime-moi bien, toi au moins…

Et, jusqu’à ce que la nuit fût tout-à-fait noire, nous restâmes ainsi blottis l’un contre l’autre, sur le canapé, à nous taire ensemble et à regarder la grosse bûche se fondre lentement dans le feu…

Mais, un autre soir, mon père rentra plus tôt et trouva maman au piano. Il ne