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Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/77

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LE RESTE EST SILENCE…

— Comment ? Qu’est-ce que je t’ai enlevé ? Explique-toi plus clairement, ma chère. Je n’aime pas les allusions obscures…

— Voici déjà deux fois, Joseph, que vous employez cette expression : « Je n’aime pas ci, je n’aime pas ça… » Eh bien, c’est entendu, mais vous pourriez aussi vous inquiéter, mon cher, de ce que j’aime ou de ce que je n’aime pas… Il me plaît de jouer du piano, et je continuerai…

— Ma chère, dans ma famille, aucune femme ne jouait du piano, et je ne sais pas qu’il y ait jamais eu quelque chose à dire contre l’une d’elles. Les honnêtes femmes n’ont pas besoin d’avoir toujours un excitant qui leur trouble le système nerveux. Je ne supporterai pas cela plus longtemps…

Ma mère parut gênée ; une minute, elle baissa les yeux, puis les releva aussitôt et déclara :

— Eh bien, moi, je supporte bien que vous parliez à votre sœur, qui me déteste, de tout ce qui se passe ici ; je supporte les conseils, les taquineries et les reproches constants d’Irma, je supporte qu’elle vous