Page:Jaloux - Les barricades mystérieuses, 1922.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MYSTÉRIEUSES

Derrière elle, sur l’autre versant de la vallée, cimes sur cimes, moutonnaient les masses étagées des bois. Leurs têtes rondes se superposaient indéfiniment, comme les yeux dans la queue d’un paon. La façade blanche d’un château jouait sur toute cette verdure, à la façon d’une plume de cygne à la surface d’un étang. Et, au-dessus, montait un ciel changeant, mi-gris, mi-bleu, plein de vapeurs errantes, de formes diaphanes, de franges de soleil, de nuées riantes qui ressemblaient à des naïades.

Wanda parlait sagement, modestement, avec un grand air d’innocence. Et, cependant, sans que j’en eusse conscience, chacune de ses paroles m’empoisonnait. À mesure quelle me conviait à plus de joie, je sentais mon bonheur diminuer, se ternir… Qu’avait-elle donc dit qui pût m’assombrir à ce point ? Sur le moment, je crus que je lui en voulais un peu de la trou-