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LES BARRICADES

Je voyais de tout près la pulpe veloutée de son visage de blonde, son cou rond et presque le commencement de sa gorge ; la blancheur de sa peau, pétrie de jour et d’Orient, m aveuglait ; une odeur subtile, indéfinissable, montait de tout ce corps jeune jusqu’a mes narines. Mais cela n’était rien encore…

Toute ma tristesse, toute mon angoisse s’acharnaient sur moi. Je savais bien ce qui les dissiperait à jamais. Le souvenir de mes jours de luttes et de demi-clairvoyance, de mes nuits de rêves troubles et furieux me relançait, me harcelait, me poussait à ce grand geste libérateur qui ferait tomber mes chaînes. Je me baissai, je fermai les yeux, j’attendis le tonnerre…

Et sur ma bouche, je sentis le contact des lèvres de Wanda. Elle ouvrit les yeux, elle me regarda et dit :

— Enfin, vous y êtes venu !