d’une absurdité si monstrueuse pour qui connaissait Barbaroux, eussent éclairé un observateur et lui eussent donné quelque méfiance. Mais Caillandre, n’ayant aucun sens du caractère des gens, s’en fiait simplement à ce qu’on disait. Mathenot jouait gros jeu en se compromettant une fois de plus dans la journée avec une hardiesse si maladroite. Il comptait que Dieu l’aiderait, et, au surplus, il jouait son sort à pile ou face, avec la témérité d’un maniaque qui se dit : « Si je perds tout, tant pis ! »
De fait, l’incapacité de Caillandre l’aida, il eut sa liste et put s’assurer que la dot de Cécile n’était que de cinq mille francs.
Dehors, il respira. Il se sentait heureux et dispos. Maintenant, il tenait la victoire. Les suppôts de Satan laisseraient enfin l’école Saint-Louis-de-Gonzague ; non seulement, Augulanty disparaîtrait, mais encore ce serait la ruine des Pioutte. Plus rien n’offenserait Dieu en ce lieu que sanctifiait l’abbé Barbaroux.
Le lendemain, Augulanty lui demanda s’il n’était pas venu boulevard Meyer, et s’il n’était pas resté une heure chez lui. Mathenot répondit que non.
— Qui donc ça peut-il bien être ? murmura Augulanty, au portrait que m’a fait ma logeuse, j’ai bien cru que c’était vous.
Mathenot fit un nouveau mensonge, et, le soir même, alla se confesser de tant d’iniquités dont il n’avait pourtant assumé la responsabilité que dans un bon but. Le dimanche, il dit une messe d’action de grâces pour remercier Dieu de l’avoir aidé à mener à bien son entreprise et de l’avoir choisi pour rétablir son empire, si contesté dans ce pensionnat que souillaient l’hypocrisie et le libertinage de M. Augulanty, les malhonnêtetés de Mme Pioutte, et aussi, selon lui, la simple féminité de Virginie, à qui il attribuait, dans sa mysogénie mystique, autant d’influence démoniaque qu’à l’athéisme prudemment caché de l’un et aux vilenies inconnues de l’autre.