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Page:Jaloux - Les sangsues, 1901.djvu/29

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— Qu’est-ce qu’il y a, s’écria-t-il en entrant. Augulanty vient de me dire que tu m’attendais.

— Je voudrais te parler, dit affectueusement Mme Pioutte, on ne te voit jamais. J’ai à t’annoncer une nouvelle qui te fera sûrement plaisir…

— Parle vite. Je suis pressé. Il faut que je surveille les élèves.

— On vient de demander Cécile en mariage.

L’abbé ne chercha pas à dissimuler sa joie. Son visage sérieux s’épanouit.

Mme Pioutte lui exposa la situation : un jeune homme, qui avait des principes, qui était même pratiquant, un ami personnel de M. l’abbé Tacussel, et, avec cela, une jolie position. Cécile n’en savait encore rien. Gaudentie avait voulu de suite avertir son frère.

— Tu as bien fait, tu as bien fait, fit l’abbé. Remercions la Providence ! Quelle bonne nouvelle tu m’annonces là ! Parles-en vite à cette chère enfant. Je retourne à la récréation. Nous en recauserons, ce soir…

Il s’évada vers la cour, réjoui, hilare, tout ému dans sa passion pour Cécile, dans cet amour presque paternel qu’il avait pour elle et où son cœur ardent d’homme privé d’enfants, mais conservé jeune par l’ignorance du monde et la chasteté, épanchait une flamme vigoureuse et pure.

Mme Pioutte entendit la grande voix de Théodore dominer les cris des élèves ; et alors une expression de malice, comparable à celle qui allume le regard des chasseurs, quand ils voient un oiseau sautiller, autour du piège où il va se prendre, passa sur son visage usé, maigri et parcheminé.



V

UN JEU DE BONNE SOCIÉTÉ


Le lendemain matin, Mme Pioutte, qui se levait toujours de bonne heure, alla trouver sa fille aînée, pendant qu’elle faisait sa toilette. Cécile se peignait devant la