Mme Pioutte avait, sans doute, d’excellentes raisons de ne pas toucher aux valeurs de son frère, car elle répondit avec empressement :
— Écoute, Théodore, je n’admettrai jamais cela. Cet argent te rapporte douze cents francs, qui sont compris dans les frais généraux de ta maison. D’ailleurs, on ne doit jamais toucher à son capital. On ne sait pas ce qui peut arriver. Et puis, la plupart de tes valeurs ont été achetées plus cher que ce qu’elles valent maintenant. Tu perdrais en les réalisant…
— Oh ! cela ! fit l’abbé, avec un geste d’insouciance.
— Sois plus pratique, Théodore. Je t’assure que ce n’est pas le moment de vendre. Il y aura sûrement une hausse, tôt ou tard, sur ces valeurs. Tu vois bien que tu ne peux rien faire et que nous devons y renoncer, à ce mariage !
— Jamais, s’écria énergiquement l’abbé, qui se leva et se mit à marcher de long en large dans le salon, jamais ! Tu me déconseilles de vendre mes valeurs ? Très bien. Mais je peux hypothéquer ma maison. Elle vaut au moins soixante mille francs. Qu’est-ce que c’est qu’une hypothèque de vingt mille là-dessus ? Je trouverai toujours dans l’année de quoi payer l’intérêt…
— Non, vois-tu, dit Mme Pioutte, Cécile, ni moi, n’accepterons que tu fasses tant pour nous… Nous te sommes très reconnaissantes de ton intention. Mais nous refusons.
— Je vais envoyer chercher Cécile, dit l’abbé, qui commençait à se fâcher, je verrai si elle est aussi intransigeante que toi. D’ailleurs, tu n’as pas le droit de t’opposer à ce que je veux faire. Le bonheur de Cécile est en jeu. Ce n’est pas le moment de soulever des scrupules que j’admire et dont je suis fier, mais qui sont excessifs. Enfin, Gaudentie, je suis libre de doter ma nièce, je pense…
— Mon cher, mon admirable Théodore ! s’écria Mme Pioutte, en jetant les bras autour du cou de son frère, nous ne t’aimerons jamais assez, jamais nous n’oublierons ce que tu fais pour nous ! Comment pourrai-je jamais te rendre tout cela ? Grâce à toi, ma pauvre Cécile