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Page:James - Aux étudiants, trad. Marty, 1914.djvu/18

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aux étudiants

objet ou une situation produisent en nous par réflexe. Une émotion de crainte, par exemple, ou de surprise, n’est pas l’effet direct sur l’esprit de la présence d’un objet ; c’est l’effet produit par un effet antérieur, à savoir la réaction corporelle que l’objet provoque soudainement. De la sorte, si l’on supprimait cette réaction, nous n’éprouverions pas de crainte, mais nous jugerions que la situation est à craindre ; nous n’éprouverions pas de surprise, mais nous reconnaîtrions froidement qu’en effet la chose était surprenante.

Un enthousiaste a même été jusqu’à prétendre que, contrairement aux idées reçues, si nous sommes affligés c’est parce que nous pleurons, et que si nous sommes effrayés c’est parce que nous nous enfuyons. Quelques-uns d’entre vous connaissent peut-être ce paradoxe ; en faisant la part d’une certaine exagération que je ne crois pas très grande — il est certain que le fond en est vrai, — le simple fait de répandre des larmes ou de manifester les signes extérieurs de la colère a pour résultat immédiat de faire plus vivement sentir cette douleur ou cette colère intérieure.

Il n’y a pas de précepte mieux établi et plus utile pour l’éducation morale de la jeunesse, ou