Page:James - Le Tour d’écrou (trad. Le Corbeiller), 1968.djvu/15

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— Pas avant le second courrier, probablement.

— Non. Alors, après dîner…

— Je vous retrouverai tous ici ? »

Et, de nouveau, son regard se posait sur chacun de nous.

« Personne ne s’en va ? »

Il prononça ces mots presque sur un ton d’espoir.

« Mais tout le monde veut rester !

— Moi, je reste…moi, je reste !… s’écrièrent des dames qui avaient annoncé leur départ. Mrs. Griffin, cependant, déclara que quelques éclaircissements lui étaient nécessaires :

— De qui était-elle amoureuse ?

— L’histoire vous le dira, me risquai-je à répondre.

— Oh ! je ne peux pas attendre l’histoire !

— Et l’histoire ne le dira pas, repris Douglas. Du moins, d’une façon littérale et vulgaire.

— Tant pis, alors ! Car c’est la seule façon dont je comprenne les choses.

— Mais vous, Douglas, ne nous le direz-vous pas ? », demanda un autre de nous.

Il se leva brusquement.

« Oui, demain. Maintenant, il faut que j’aille me coucher. Bonsoir. »

Et, saisissant son bougeoir, il nous laissa là, légèrement ahuris.

De l’extrémité du grand hall aux boiseries sombres où nous étions réunis, nous entendîmes son pas décroître sur l’escalier ; alors Mrs. Griffin parla :

« Eh bien ! si je ne sais pas de qui « elle » était amoureuse, je sais bien de qui « lui » l’était !

— Elle était de dix ans plus âgée que lui, observa son mari.

— Raison de plus ! À l’âge qu’il avait… Mais c’est vraiment gentil un silence gardé si longtemps !

— Quarante ans, nota brièvement Griffin.

— Et son explosion finale.