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trois secrétaires : Chopard[1] pour la langue française, Alerini pour l’espagnol, et Costa pour l’italien.

Lefrançais, chargé en premier lieu de la présidence, ouvre le Congrès en donnant connaissance d’une proposition d’ordre du jour.

Une motion d’ordre est présentée relativement au mode de votation. Un délégué jurassien propose le vote par fédération, chacune des fédérations régionales représentées devant avoir une voix.

Les délégués espagnols proposent, conformément à leur mandat, que le vote de chaque délégué soit compté proportionnellement au nombre d’internationaux qu’il représente.

Une courte discussion s’engage à ce sujet. Il est résolu à l’unanimité que la question du mode le plus pratique et le plus équitable de votation dans les Congrès sera mise à l’étude dans les diverses fédérations, et que, dans le Congrès actuel, il sera voté par fédération, une voix appartenant à chacune des cinq fédérations représentées (Amérique, Espagne, France, Italie, Jura).

Une discussion générale est ensuite ouverte sur l’ordre du jour.

Les délégués italiens déclarent qu’ils ont reçu mandat impératif de rompre dès à présent d’une façon complète avec le Conseil général.

Un délégué du Jura[2] propose de s’en tenir à la Déclaration de la minorité du Congrès de la Haye, et d’attendre que le Conseil général essaie de se servir contre nous des pouvoirs qui lui ont été conférés.

Le délégué américain[3] dit que le Conseil général, par ses procédés, a rompu le premier le câble qui le rattachait aux fédérations, et que nous n’avons plus qu’à constater le fait accompli, sans essayer de nous rattacher de nouveau au Conseil. Il votera pour le maintien de la rupture.

Les délégués espagnols déclarent qu’individuellement, ils pensent qu’il est nécessaire de rompre avec le Conseil général, mais qu’ils ne peuvent dans ce Congrès voter une résolution définitive engageant leur fédération. Ils soumettront les résolutions votées à l’approbation de la Fédération espagnole, et ce n’est qu’avec cette réserve qu’ils prennent part au Congrès.

Un délégué jurassien dit que c’est ainsi que l’entendent également les délégués des autres fédérations, et que toutes les délibérations du Congrès devront ultérieurement être approuvées par chaque fédération.

L’ordre du jour est définitivement adopté comme suit :


« Première question. — Attitude des Fédérations réunies en Congrès à Saint-Imier, en présence des résolutions du Congrès de la Haye et du Conseil général.

Seconde question. — Pacte d’amitié, de solidarité et de défense mutuelle entre les Fédérations libres.

Troisième question. — Nature de l’action politique du prolétariat.

Quatrième question. — Organisation de la résistance du travail. — Statistique. »

  1. Charles Chopard, graveur, à Sonvillier, n’était pas délégué ; c’était un membre du Comité fédéral jurassien.
  2. C’était moi.
  3. Lefrançais était porteur, ainsi qu’il, a été dit, de mandats de la Section 3 et de la Section 22, deux sections appartenant au groupe du Conseil fédéral de Spring Street et qui avaient participé au Congrès de Philadelphie du 9 juillet 1872. Il représentait, avec les Italiens, l’élément intransigeant du Congrès.