Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/363

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anonymement, pour ne pas choquer le sentiment national[1] »

Cette lettre nous fait assister à la naissance du Parti socialiste français, — on voit qui en a été le véritable père, — qui se divisa bien vite en chapelles rivales au gré des ambitions des meneurs, mais dont toutes les fractions ont eu ce caractère commun de chercher à aiguiller les travailleurs sur la voie du parlementarisme. C’était l’influence allemande — Marx le constate avec orgueil — qui avait fait dévier le mouvement, et la déviation dura presque un quart de siècle.

Mais, malgré les efforts des politiciens, les salariés de France, dans leur masse, n’avaient pas oublié ces vérités reconnues et proclamées par la génération précédente : « L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » ; — « L’émancipation des travailleurs n’est pas un problème national, mais un problème international ». Vivant de leur vie de classe, ils continuèrent la lutte économique ; et, tandis que les parlementaires consacraient toute leur activité à recruter une armée électorale, eux s’organisaient en groupements ouvriers locaux (Bourses du travail), d’une part, en fédérations de métiers d’autre part. De l’union de ces deux organisations sortit, en 1893, la Confédération générale du travail, qui, à partir de 1904, s’est placée, dans sa majorité, sur le terrain du syndicalisme révolutionnaire.

Et qu’est-ce que la Confédération générale du travail, sinon la continuation de l’Internationale ?


J. G.




  1. Les trois dernières lignes, depuis « entre nous », inclusivement, jusqu’à la fin, sont en français dans l’original. (Briefe and Auszüge aus Briefen an F. A. Sorge und Andere, Stuttgart, 1906 ; p. 170.)